La situation politique en Grèce, où de nouvelles élections ont été convoquées, fragilise l’euro. La monnaie européenne est passée brièvement, mardi 15 mai 2012, sous la barre des 1,27 dollars, son plus bas niveau depuis quatre ans. Sans surprise, la réunion de la dernière chance convoquée mardi par le président grec pour former un gouvernement, a échoué.
Résultat : les Grecs vont devoir retourner aux urnes le 17 juin prochain pour des élections législatives pour tenter de donner une majorité à un parti pour gouverner, les alliances ne fonctionnant pas. A cela s'ajoute le problème des retraits d’argents dans les banques grecques qui ont atteint près de 700 millions d'euros et qui fragilisent encore plus un système bancaire déjà affaibli. D’où l'inquiétude des investisseurs sur les marchés.
Des mesures supplémentaires
Le débat sur l'opportunité de faire quitter la zone euro à la Grèce est de plus en plus d’actualité. Pourtant, lors de leur première rencontre à Berlin mardi soir, le nouveau président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont mis un point d'honneur à être rassurants sur l'avenir de la Grèce. Mais pour les deux dirigeants, Athènes doit « rester dans la zone euro » et ils se disent prêts « à étudier la possibilité de mesures supplémentaires pour la croissance en Grèce », si Athènes le demande.
Et pourtant paradoxalement, ce mercredi matin, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a affirmé qu'il sera impossible de renégocier « le programme d’aide de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international pour la Grèce, qui prévoit des aides en échange de mesures d’austérité ».
« Une sortie ordonnée »
L'éventualité d'une sortie de la Grèce de la zone euro n'est plus désormais une hypothèse exclue en Europe. A tel point que Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, un des principaux créanciers d’Athènes, a évoqué ce mardi à Paris la possibilité d'une « sortie ordonnée » de la Grèce de la zone euro, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision France 24 : « Si les engagements budgétaires de ce pays n'étaient pas tenus, il y a des révisions appropriées à faire et cela veut dire soit des financements supplémentaires et du temps supplémentaire, soit des mécanismes de sortie qui devrait être une sortie ordonnée dans ce cas », a-t-elle déclaré.
Que vaut l'avertissement de Christine Lagarde, une sortie ordonnée de la Grèce est-elle possible ? Une opération qui pourrait, en tout cas, coûter près de 50 milliards d’euros à la France, selon une estimation de François Baroin, le ministre français de l’Economie qui s’apprête à quitter ses fonctions. A ses yeux, la matérialisation de ce risque serait « tout à fait absorbable » par les établissements financiers français.