Crise de la dette : en Espagne, l’Etat vole au secours des banques

L’Etat espagnol s’apprête à nationaliser Bankia qui croule sous les mauvaises créances. Le gouvernement poursuit l’assainissement de ses banques. Il va dévoiler, vendredi 11 mai 2012, un plan pour l’ensemble de son secteur bancaire, qui prévoit la création d’une banque de défaisance ou « bad bank ».

Le gouvernement de Mariano Rajoy s’apprête pour la sauver, à nationaliser Bankia, la quatrième banque du pays. Madrid prévoit de contrôler 45% du capital du groupe bancaire, ce qui en fera le premier actionnaire. Une décision plutôt attendue par les marchés financiers. L’agence de notation Standard and Poor’s avait, début mai, abaissé de deux crans la note de l'Espagne et dégradé celle de neuf grands établissements.

Pour le gouvernement, il s'agit de sauver Bankia minée par près de 32 milliards d’euros d’actifs immobiliers à risques sur un total de 37,5 milliards. C'est la huitième intervention de l'Etat dans le secteur bancaire depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008. Première conséquence pour le pays : les taux d’emprunt espagnols ont enregistré une forte hausse. Les taux à dix ans sont, ainsi, remontés au-dessus du seuil des 6%.

Création d’une « bad bank »

Pour tenter de rassurer les investisseurs, le gouvernement va également dévoiler, vendredi 11 mai 2012, un plan pour l'ensemble de son secteur bancaire, qui prévoit notamment la création d'une « bad bank ». Une structure de défaisance sur le modèle irlandais, pour regrouper la totalité des actifs immobiliers à risques des banques, qui se montent, aujourd'hui, à 184 milliards d'euros. Ce qui représente 60% de leur portefeuille.

Certains établissements sont particulièrement concernés, comme notamment Bankia, Santander, ainsi que la Confédération des caisses d'épargne. L'objectif de cette « bad bank  » est de séparer les actifs toxiques des autres, et permettre aux banques espagnoles de les enlever de leurs bilans. Mais cette opération pourrait faire apparaître des décotes plus importantes. C'est pourquoi, certains analystes estiment que l'Etat espagnol devra également injecter des capitaux publics. Des fonds qui serviront à recapitaliser les banques, et donc à éviter un assèchement du crédit dans le pays.

Madrid a déjà prêté au secteur, surtout aux caisses d'épargne, près de 19 milliards d'euros. Il pourrait le faire à nouveau. Mais pour le chef du gouvernement espagnol, une participation supplémentaire de l'Etat ne doit pas se faire aux dépens de la rigueur budgétaire.
 

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