La sanction est tombée dans la soirée du jeudi 26 avril 2012. L’Espagne s’enfonce davantage dans la crise, le pays chute de la catégorie « A » à celle de « BBB+ ». Sans compter que le pays n’est pas à l’abri d’une nouvelle dégradation puisque la note est assortie d’une perspective négative. Résultat ce vendredi matin, les taux d’emprunt espagnols ont enregistré une forte hausse, ceux à dix ans se rapprochant ainsi du seuil des 6%.
Les experts de Standard & Poor’s estiment que la quatrième économie de la zone euro aura du mal à atteindre ses objectifs budgétaires. A savoir ramener en 2013 son déficit à 3% du produit intérieur brut (PIB) contre 8,5 % en 2011.
C’est toujours le secteur bancaire qui inquiète l’agence. Le gouvernement conservateur espagnol pourrait, en effet, être contraint de renflouer à nouveau ses banques qui continuent de payer l’éclatement de la bulle immobilière en 2008. De son côté, le Premier ministre Mariano Rajoy a fustigé la décision de l'agence qui n'a pas pris en considération les dernières mesures d'austérité mises en place en décembre dernier.
Un chômage record
Autres éléments d'inquiétude : l’inflation qui est repartie à la hausse en avril à 2% sur un an, selon les dernières estimations de l’Institut national des statistiques. La faute à l’augmentation des prix de l’électricité et du tabac. Et surtout le chômage qui continue de progresser. Près de 5,7 millions de personnes sont à la recherche d'un emploi. Soit un taux de chômage de près de 24,5%, son plus haut niveau historique. Les plus touchés sont les jeunes pour qui le taux de chômage s'élève à 52%.
Pour les syndicats espagnols, cette situation découle directement de la politique engagée par le gouvernement de Mariano Rajoy, dont l'objectif numéro un est la réduction des déficits. C'est ce qu'explique Pamela Lopez, en charge des questions d'emploi au sein de Comisiones Obreras, le principal syndicat espagnol : « c'est la conséquence de la politique de rigueur menée par le gouvernement et aussi de l'absence de soutien à l'économie. Il y a une mobilisation sociale très importante en Espagne, de collectifs et de syndicats qui s'opposent à cette politique de rigueur. Ils estiment qu'une alternative est possible et que le gouvernement se trompe », rapporte-t-elle.
Une stratégie peu efficace
Un constat partagé par l’agence américaine Standard & Poor’s qui critique implicitement la gestion de la crise de la dette par le gouvernement conservateur espagnol. Mariano Rajoy a, certes, mis en place des mesures pour réduire les dépenses publiques mais celles-ci pénalisent la croissance et réduisent les recettes fiscales attendues.
L’Espagne, comme d’autres pays de la zone euro, est loin d’être sortie d’affaire. Même Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a fait mercredi l’aveu que la politique d’austérité budgétaire est arrivée à ses limites et ne suffira pas à sortir la zone euro de la crise. Il a appelé non seulement à modifier le pacte budgétaire imposé par le couple franco-allemand, mais surtout à établir un pacte de croissance à l’échelle de l’Union européenne.