Espagne: restrictions sur la santé et l’éducation

Le gouvernement espagnol fait feu de tout bois pour ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013. Après le budget d’austérité déjà adopté pour 2012, qui prévoit plus de 27 milliards d’euros de réduction des dépenses, un plan d’économies sur la santé et l’éducation de 10 milliards d’euros par an va peser encore davantage sur le pouvoir d’achat des Espagnols.

« Il n’y a pas d’argent pour payer les services publics », a expliqué le chef du gouvernement Mariano Rajoy. Les Espagnols vont devoir prendre sur leurs revenus pour réduire de 10 milliards d’euros par an les dépenses publiques en matière de santé et d’éducation. Ainsi, la part que les malades devront acquitter sur le prix des médicaments va passer, pour les actifs, de 40% à 60%, en fonction de leur niveau de ressources. Mais pour les retraités, qui consomment les trois quarts des médicaments, la potion est plus amère encore. Jusqu’à présent, ils ne payaient pas leurs médicaments et devront désormais prendre à leur charge 10% de la facture, mais seulement jusqu’à un plafond de 18 euros par mois. Total : 7 milliards d’euros de réduction des dépenses à la charge de la collectivité. Le gouvernement espagnol espère bien retirer 3 milliards d’euros supplémentaires en autorisant une augmentation de 50% des droits d’inscription dans les universités, soit en moyenne 1 500 euros par an contre 1 000 euros actuellement. 

Des régions très endettées

Cette réduction des dépenses concerne avant tout les 17 communautés autonomes espagnoles qui assurent l’essentiel des budgets de santé, d’éducation et d’aide aux personnes âgées. Or, ces régions sont généralement très endettées et peu enclines à participer à l’effort de redressement des finances publiques. Le gouvernement les a donc acculées à présenter, avant le mois de mai, un plan d’assainissement budgétaire afin de ramener leur déficit à 1,5% du PIB dès cette année. Celles qui traîneraient les pieds risquent, menace suprême dans ce pays très décentralisé, de voir leur budget pris en main directement par l’Etat.

Capacité d’emprunt

Grâce à cette politique de redressement financier et en dépit d’un chômage qui touche un quart de la population active, l’Espagne cherche à redonner confiance aux marchés et à se défaire de son image de « maillon faible » de la zone euro. Pour Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, l’Espagne n’a pas besoin de l’aide mise en place pour les pays de la zone en difficulté. Mais si le besoin s’en faisait quand même sentir, le FMI serait là pour soutenir l’Espagne.
Pour l’instant les capacités de Madrid à emprunter ne sont pas remises en cause. Jeudi le Trésor a, sans aucun problème, levé 2,5 milliards d’euros d’obligations, mais à un taux d’intérêt légèrement supérieur à celui qui lui avait été concédé à la dernière émission obligataire. Ce taux reste, toutefois, inférieur à la barre symbolique des 6%.

Les investisseurs étrangers en retrait

La dette publique espagnole devrait atteindre près de 80% du PIB fin 2012. C’est beaucoup, mais c’est beaucoup moins que la dette publique italienne qui, elle, dépasse les 120% du PIB. Un bémol cependant : les investisseurs internationaux ont tendance à se retirer du marché espagnol et le dernier emprunt en date a été essentiellement souscrit par des banques nationales. Signe que la confiance dans l’économie espagnole n’est pas encore restaurée. 

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