Le chômage atteint un record historique en Espagne avec plus de 4,7 millions de sans-emploi

Pour le huitième mois consécutif, les chiffres du chômage sont à la hausse en Espagne : 4 750 867 demandeurs d’emploi soit 23,6% de la population active selon les chiffres publiés lundi 2 avril par l’organisme Eurostat. Malgré la très impopulaire réforme des lois du travail adoptée en février par Mariano Rajoy, aucune amélioration n'est prévue en 2012 pour l'emploi.

Le bout du tunnel ne semble pas pour demain dans une Espagne qui accumule les mauvaises nouvelles sur le plan économique. De nouveau en récession au premier trimestre 2012 après une très légère embellie fin 2011, le pays désormais dirigé par Mariano Rajoy a enregistré une huitième hausse mensuelle consécutive de son taux de chômage avec 38 769 demandeurs d'emploi supplémentaires au mois de mars, chiffre publié lundi 2 avril par l’organisme Eurostat.

Un tiers des chômeurs de la zone euro

Avec exactement 4 750 867 chômeurs, soit 23,6% de la population active, l’Espagne affiche le taux de chômage le plus élevé de tous les pays développés, devant la Grèce (21% en décembre 2011) et le Portugal (14,8% en janvier 2012), sachant que la moyenne se situe par exemple à 10,8% dans les 17 pays de la zone euro. Il s’agit également d’un nouveau record historique depuis qu’a été instituée la publication mensuelle des résultats du chômage, en 1996. Plus parlant encore, les Espagnols représentent, à eux seuls, un tiers des demandeurs d’emplois de la zone euro.

Cette hausse du chômage relevée en mars affecte tous les secteurs : +2,99% dans l’agriculture, +0,93% dans l’industrie, +0,54% dans les services et +0,30% dans la construction. Comme c’est le cas dans les autres pays à fort taux de chômage, ce sont les jeunes qui sont les plus touchés. Le seuil des plus de 50% de chômeurs chez les moins de 25 ans a en effet été dépassé durant le premier trimestre, un taux deux fois supérieur à la moyenne européenne (21,6% dans la zone euro et 22,4% dans l’Europe des 27 dans cette tranche d’âge des moins de 25 ans, en février 2012).

Les perspectives à court terme n’incitent guère à l’optimisme car les calculs les moins alarmistes prévoient une contraction de l’économie espagnole de l’ordre de 1,7% en 2012 alors qu’il faudrait au contraire un taux de croissance d’environ 1,5% pour que le pays recommence à créer des emplois. Dans un tel contexte, le taux de chômage pourrait friser les 25% avant la fin de l’exercice 2012, sur fond d’un plan d’austérité qui a prévu de faire passer le déficit public de 8,5% à l ’heure actuelle à 3% fin 2013.

Réforme des lois sur le travail

Selon nombre d’experts, seul un réaménagement des mesures de licenciements pouvait redynamiser à court terme le marché de l’emploi dans un pays où les indemnités de licenciements étaient jusqu’à très récemment deux fois supérieures à la moyenne européenne. « L’Espagne est le pays européen avec le plus haut taux de chômage mais il est aussi celui qui compte le plus d’emplois non pourvus », observait le président du cabinet de conseil en financement de l’innovation Euro-Funding Advisory Group dans les colonnes du Wall Street Journal.

Licencier plus facilement pour pouvoir embaucher plus efficacement, tel est d’ailleurs l’un des remèdes préconisé par le gouvernement Rajoy lors de l'annonce, début février, de la baisse des coûts de licenciements dans son plan d’austérité. Cette réforme est très mal passée dans la population qui s’est mobilisée dans une grève générale de grande ampleur jeudi 29 mars dernier.

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