Zone euro: le risque de défaut de la Grèce

La situation politique en Grèce, où la constitution d'un gouvernement semble impossible, a une nouvelle fois, ce mercredi 9 mai 2012, plombé les grandes places boursières en Europe. Le risque de défaut d’Athènes se profile.

Les investisseurs font preuve d'une grande nervosité en raison de l’incertitude politique en Grèce. Le parti de gauche radicale anti-austérité Syriza s'est vu confier le casse-tête de former un gouvernement de coalition après l'échec des conservateurs à rallier, dans le nouveau Parlement, une majorité favorable à la rigueur. Il a renoncé ce mercredi 9 mai 2012. De nouvelles élections pourraient être organisées en juin.

Cette impasse politique fait peser un risque de faillite pour le pays. Si le versement par l’Union européenne et le Fonds monétaire international d’une nouvelle tranche d’aide d’un montant de 5,2 milliards d’euros est aujourd’hui confirmée, l’incertitude demeure sur celle de 6 milliards d’euros prévue en juin.

Pour les marchés, le risque est aujourd’hui un défaut de la Grèce sur l’une de ses prochaines échéances. Le pays, qui paye ses fonctionnaires et ses dettes grâce à l’aide internationale, sera à court d’argent fin juin. Le 15 mai prochain, Athènes doit rembourser quelque 450 millions d’euros d’obligations que leurs détenteurs ont refusé d’effacer dans le cadre de la vaste opération de restructuration de la dette menée en mars.

Risque de sortie de la zone euro

Un défaut de paiement pourrait conduire à terme à une sortie de la zone euro pour la Grèce. Ce n’est pas la première fois que se pose cette question. Pour éviter ce scénario catastrophe, il y a d’abord eu, en mai 2010, la mise en place d’un plan d’aide de 110 milliards d’euros, pas encore entièrement versés. Et puis en mars 2012, cela s’est conclu par une restructuration massive de la dette publique détenue par les créanciers privés et par le lancement d’un deuxième plan d’aide de 130 milliards d’euros.

Pour bon nombre de spécialistes, le moment est venu pour Athènes de faire un choix. « On ne peut vouloir en même temps rester dans la zone euro et refuser d'en appliquer les règles élémentaires de fonctionnement », explique ainsi l’économiste Bruno Cavalier du cabinet spécialisé Oddo Securities, qui estime que les récentes élections, en ne tranchant pas ce choix « ont finalement accru le risque de voir la Grèce choisir la sortie ». Bon nombre de politiques n’hésitent pas à évoquer également cette perspective. « Si nous disons non à tout, nous sortons de l’eurozone », a prévenu Ghikas Hardouvelis qui a conseillé pendant sept mois le chef du gouvernement Lucas Papademos.

Le Pacte européen en question

La situation de la Grèce sera, bien entendu, à l’ordre du jour de la prochaine réunion extraordinaire des dirigeants européens prévue le 23 mai et qui doit porter notamment sur les moyens de relancer la croissance. Avec le retour de la récession un peu partout en Europe, bon nombre de dirigeants européens comme notamment le président de la BCE Mario Draghi, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso se sont prononcés pour réclamer un Pacte pour la croissance.

Un point de vue convergeant avec la vision du nouveau président élu François Hollande qui a rencontré, ce mercredi, Herman Van Rompuy, le président de l’Union européenne, et qui devrait voir, jeudi, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker. François Hollande devra les convaincre de renégocier, comme il l'a demandé durant la campagne, le Pacte budgétaire européen signé en mars dernier à l’initiative de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel. Il souhaite, en effet, rajouter un volet sur la croissance.

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