En Espagne, Mariano Rajoy et son exécutif de droite n'on plus de marge de manoeuvre. Ils ont déjà annoncé, le mois dernier, des économies budgétaires importantes, qui affectent surtout les investissements dans les infrastructures. Les salaires des fonctionnaires seront également gelés, tout comme les prestations chômage et les bourses. Et pourtant, l'exécutif de Madrid a dû négocier avec Bruxelles un déficit des finances publiques plus important que celui prévu initialement.
Standard & Poor's abaisse désormais la note de l'Espagne de A à BBB+, soit deux crans de moins, avec une perspective négative. Et le responsable Europe de l'agence de notation financière expliquent que c'est la situation des banques espagnoles qui pèse sur la conjoncture.
De toute façon, Madrid devra probablement payer plus cher ses besoins de financement, ce qui va aggraver la dette publique du pays. Par ailleurs, les Espagnols, fortement touchés par le chômage et qui ont manifesté en masse le mois dernier contre l'austérité, risquent de ne pas pouvoir supporter davantage de sacrifices.
Pays-Bas : des élections anticipées malgré un accord sur la rigueur
Aux Pays-Bas l'accord trouvé in extremis au parlement sur le budget 2013 ne changera pas grand-chose à la crise politique.
Les deux partis de la coalition gouvernementale, les libéraux du Premier ministre démissionnaire Mark Rutte et les chrétiens-démocrates, ont finalement réussi à faire passer le budget de rigueur pour 2013, avec le soutien de trois petits partis de l'opposition, dont les centristes et les écologistes. Les cinq partis se sont mis d'accord sur une augmentation de la TVA, une réduction du budget de la Santé et le gel du salaire de certains fonctionnaires.
Mais la crise est déjà consommée, elle débouchera sur des élections législatives anticipées au mois de septembre. En cause, le parti d'extrême droite de Geert Wilders, qui a retiré son soutien à l'exécutif néerlandais. Ironie du sort, le gouvernement tombe aux Pays-Bas sur une mésentente autour d’un plan de rigueur, alors que ce pays se montrait très critique à l'égard des pays du Sud de l'Europe, qu'il accusait de laxisme et qu'il rechignait à aider.
Roumanie et République Tchèque: des gouvernements fragilisés
En Roumanie et en République Tchèque l'exécutif, toujours de centre-droit, était confronté le même jour à une motion de censure contre sa politique de rigueur. Le gouvernement roumain de Mihai Razvan Ungureanu est tombé. Le Premier ministre aura passé moins de trois mois à la tête du gouvernement. Et son prédécesseur avait perdu son poste après une longue suite de manifestations de la population, en colère contre les mesures d'austérité.
Dès la première moitié de l'année 2010, la Roumanie a suivi à la lettre les recommandations de l'Union européenne et du Fonds monétaire international et a réduit de 25% les retraites et les salaires des fonctionnaires. Des élections locales, puis législatives, sont prévues cette année et l'opposition, une alliance de sociaux-démocrates et de libéraux, est donnée favorite.
Les effets de la crise économique vont peut-être pousser les électeurs européens à choisir l'alternance politique. La situation n'est pas partout la même. En Espagne, le gouvernement de droite de Mariano Rajoy est en place depuis moins de six mois et n'est donc, à prioir, pas immédiatement menacé. Mais ailleurs les élections sont proches : les législatives en Grèce sont prévues pour le 6 mai et le même jour aura lieu le deuxième tour de la présidentielle en France. Aux Pays-Bas des élections législatives anticipées sont prévues le 12 septembre, alors que les Allemands éliront un nouveau Bundestag en 2013.
Presque partout en Europe la droite ou le centre-droit sont au pouvoir. Mais au delà de l’orientation politique, c'est la politique d'austérité à tout prix, sans mesures fortes pour la croissance qui est de plus en plus contestée aujourd'hui, notamment car elle ne s'avère pas très efficace. Et bien entendu, ses corollaires, la récession et le chômage sont dans les collimateur des citoyens. Cette politique est imposée par Bruxelles aux pays en difficulté, en grande partie sous la pression de l'Allemagne qui a elle, une économie florissante.