Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinsot
Les Grecs ont commencé à se rassembler devant le Parlement en fin de matinée. Il n’y avait pas beaucoup de monde car cette manifestation se faisait à l’appel des deux centrales syndicales du public et du privé. Or les syndicats ont perdu énormément de crédit depuis le début de la crise car ils n’ont pas réussi à empêcher la remise en cause des acquis sociaux. Et puis ils sont assimilés à tout ce système politique clientéliste en partie responsable de la situation actuelle.
Ils étaient quelque trois mille devant le Parlement. Les manifestants ont critiqué les nouvelles mesures de rigueur et d'austérité. La baisse des pensions de retraite notamment, et plus globalement l'attitude du gouvernement.
« Ils n'écoutent rien de nos revendications. Ils continuent à couper dans nos revenus... Moi je suis retraitée, je vie toute seule, j'ai travaillé une vie entière pour pouvoir toucher une retraite décente, et maintenant ils viennent me dire non, tu ne vas pas vivre décemment, tu vas avoir faim... De quel droit ? », se demande Melina, une retraitée en colère. Et d'ajouter : « Moi j'ai travaillé, je n'ai pas volé ! Je touche maintenant 600 euros de pension par mois. Vous, vous vivez avec 600 euros par mois ? Avec le coût de la vie extrêmement élevé qu'il y a ici ? A ce niveau-là, c'est de la misère. Je touchais pourtant 1 200 euros par mois avant les mesures... Mais ça fait déjà 5 fois qu'il y a des coupes, où est-ce qu'ils vont couper encore ? Soi-disant on en aurait tous profité avant la crise... Mais les pots-de-vin des grosses affaires de corruption, le scandale Siemens, c'est nous ? Non, ce sont nos dirigeants, ce sont des voleurs, et ils n'ont même pas honte... »
La mobilisation s'essouffle
Malgré la colère des gens et la belle journée printanière de ce dimanche qui devait pousser beaucoup de monde dans la rue, les manifestants n'étaient pas aussi nombreux que la semaine dernière. Les Grecs n'ont pas oublié les violences de dimanche dernier lorsque la police a lâché des gaz lacrymogènes sur la foule pacifique et puis, lorsque dans la nuit des dizaines de feux ont endommagé des bâtiments du centre-ville.
Les gens se posent beaucoup de questions sur la responsabilité des forces de l’ordre dans ces débordements comme si 6 000 policiers déployés dans le centre ne pouvaient pas prendre le contrôle de la situation et arrêter les actions des casseurs.