Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot
De nombreux affrontements ont eu lieu dimanche 12 février et ils ont duré tard dans la nuit. De nombreux incendies ont eu lieu aussi dans la capitale. Au total, une quarantaine de départs de feux ont été dénombrés dont un grand et beau bâtiment de l’une des grosses artères du centre, l’avenue Stadiou. L’immeuble était littéralement pris par les flammes et les pompiers ont mis beaucoup de temps pour l’éteindre. Une cinquantaine de personnes ont été blessées et ce matin lundi 13 février, certaines rues du centre ressemblent encore à un champ de bataille. Les chaussées sont jonchées de débris, de pavés, de poubelles renversées.
Ces violences rappellent décembre 2008, lorsque la capitale a été en proie à des émeutes pendant plusieurs semaines. Mais elles n’ont heureusement pas fait de morts dimanche. En mai 2010, au début de la cure d’austérité, trois décès ont été déplorés dans l’incendie d’une banque en marge d’une manifestation.
Des défections au sein du Pasok
Une victoire pour le gouvernement Papademos dimanche 12 février, mais une victoire en demi-teinte car il y a eu de nombreuses défections. Sur les 236 députés que totalisaient les socialistes du Pasok et la droite de Nouvelle démocratie -les deux partis de la coalition- 199 seulement ont voté pour le nouveau programme d’austérité.
Sans surprise, les députés communistes et la gauche radicale ont voté contre. Mais aussi, plusieurs membres du Pasok et de Nouvelle démocratie. On voit que les deux partis s’effritent. C’est la première fois qu’il y a autant de défections au sein du Pasok depuis le début de la cure d’austérité il y a deux ans.
Juste avant le vote, le Premier ministre Lucas Papademos a fait un long plaidoyer pour ces nouvelles mesures :
« Il ne faut pas perdre cette occasion de rendre notre économie plus productive et plus compétitive, a-t-il expliqué. Ce serait une injustice historique immense pour notre pays, le pays d'où est partie la culture européenne, qui a vécu une guerre civile et une dictature, mais qui a continué à avancer, de se retrouver en faillite et en plus de ça, de se retrouver isolé et dans une détresse nationale. Ça ne plaît à personne de prendre des mesures qui entraînent des sacrifices pour les citoyens. Mais aujourd'hui il nous faut prendre une décision déterminante pour l'avenir de notre pays. »
En tout cas, l’objectif fixé par le Fonds monétaire international (FMI) et Bruxelles est atteint. La Grèce s’engage sur de nouvelles mesures qui vont à la fois dérèglementer le marché du travail et entraîner de nouvelles coupes considérables dans les finances publiques.
Des mesures difficiles pour le peuple grec, en échange d’un nouveau prêt de 130 millions d’euros qui permettra au pays, entre autres, de payer ses obligations qui arrivent à échéance le mois prochain.
Les prochaines échéances pour la Grèce
Le plan voté dimanche va être très difficile à mettre en place. On l’a vu, depuis le début de la cure d’austérité, avec les exigences de Bruxelles et du FMI, plusieurs réformes promises n’ont toujours pas été mises en place. Plusieurs choses existent dans ce programme d’austérité.
D’une part, les mesures de libéralisation du marché du travail. Elles n’auront sans doute aucun mal à être appliquées. Puis les nouvelles coupes budgétaires, dans les dépenses militaires notamment. Cela ne devrait pas trop poser de problèmes non plus.
En revanche, le talon d’Achille est la fiscalité. L’Etat grec n’arrive pas à collecter efficacement l’impôt et à endiguer la fraude, et le programme voté promet une vaste réforme fiscale pour le mois de juin, ce qui paraît assez peu réaliste.
Deux autres grandes réformes sont contenues dans le projet de loi, promises déjà l’année dernière ; il s’agit du secteur de la justice, alors que les tribunaux sont complètement engorgés depuis des années, et le système de la santé publique. Il faut réformer en profondeur un Etat. Cela ne se fait pas en quelques mois, quand bien même le pays est sous la pression de ses créanciers.