Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Baltasar Garzon sera bel et bien jugé pour avoir osé se pencher sur les crimes franquistes. Il y a quinze jours à l’ouverture de son procès, le Tribunal suprême avait laissé entendre que l’accusation était un tissu d’imprécisions et de maladresses.
Coup de théâtre le même tribunal considère aujourd’hui le chef d’accusation valable, à savoir que Garzon aurait enfreint sciemment les lois d’amnistie de 1977 qui interdisent de mettre en examen la dictature.
Cette accusation est le fait d’un syndicat d’extrême droite ultra minoritaire, Manos Limpias. C’est cette accusation qui a mis Garzon au pilori. Le même Garzon proteste: pour lui le franquisme a commis des« crimes contre l’humanité, en tant que tels imprescriptibles », ce qui fait qu’à ses yeux aucune loi d’amnistie n’aurait pu endiguer son enquête. C’est aussi l’avis de nombreux juristes dans le monde, mais nul n’est prophète en son pays : Garzon a brisé un tabou national et il va être jugé pour cette insolence.