Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Le commandant Francesco Schettino va être interrogé ce mardi 17 janvier par le juge chargé des enquêtes préliminaires. Mais des écoutes téléphoniques rendues publiques par l’agence de presse Ansa permettent bien de confirmer qu’il a menti de façon réitérée à la capitainerie du port de Livourne, chargée de la coordination des secours, et qu’il a abandonné le navire plusieurs heures avant la fin des opérations d’évacuation.
Contacté sur son téléphone portable, le commandant affirme d’abord que « tout est sous contrôle », alors qu’à 21h45, la salle des machines était déjà envahie d’eau. Les appels se succèdent. Il lui est demandé combien d’enfants, de femmes, d’hommes doivent être évacués, mais il est incapable de répondre. A 1 heure moins 20, il lâche cette phrase : « Nous ne pouvons plus monter a bord car le navire est en train de se cabrer ». « Commandant, vous avez abandonné le navire ? », lui demande l’officier. « Non, non, évidemment », rétorque t-il.
Les mensonges du commandant
À 1h46, alors que des centaines de personnes devaient être évacuées, l’officier annonce : « Bon, c’est moi qui commande, je vous ordonne de remonter a bord, vous empruntez une échelle de secours en corde et vous coordonnez l’évacuation ». Le capitaine qui avait abandonné le navire depuis longtemps ne remontera jamais à bord.
Selon les enquêteurs, entre le moment où le navire a heurté un rocher et celui où le commandant a ordonné l’évacuation, les opérations de sauvetage auraient pu permettre d’évacuer tous les passagers, car la position du navire, qui n’était pas encore trop fortement incliné sur le flanc gauche, aurait rendu beaucoup moins complexe la descente des chaloupes.
Catastrophe écologique
Désormais, au-delà du drame humain, se pose maintenant la question d'une catastrophe écologique. Entouré d’une splendide réserve naturelle protégée, le Giglio serait menacé par « une bombe écologique », selon les déclarations du maire de cette petite île de 23 km2, située au sud de la Toscane.
Le navire Costa-Concordia, qui a échoué à environ 50 mètres du rivage, contient en effet plus de 2 300 tonnes d'hydrocarbures. Selon les descriptions fournies par le ministre de l’Environnement, c’est un gasoil « dense, lourd ». Si le pétrole commençait à se répandre, « ce serait un désastre pour la faune et la flore locale, ainsi que pour l’économie locale ».
Le gouvernement de Mario Monti devrait déclarer l’Etat d’urgence au cours des prochaines heures. Pour le moment, le navire qui tient en équilibre sur deux rochers est encore relativement stable. La priorité, c’est de le mettre en sécurité, afin de pouvoir pomper le carburant. Opération qui pourrait durer plusieurs semaines. C’est une société néerlandaise qui sera chargée de cette tâche délicate, a annoncé la société Costa, propriétaire du navire.