Le commandant du bateau de croisière Costa-Concordia qui s’est échoué vendredi soir tout près de la côte italienne est aujourd’hui sous les verrous. Francesco Schettino est sous le coup d’une enquête pour « homicide multiple, naufrage et abandon de navire », a indiqué le procureur Francesco Verusio qui a confirmé que le commandant « avait quitté le navire bien avant que tous les passagers soient évacués ».
Commandement défaillant
Selon le commandant des pompiers de la ville de Grossetto, « la dernière personne à avoir été extraite du bateau, l’a été vers 6 heures du matin (le samedi) ; elle avait une jambe cassée ». Or, certains médias italiens ont rapporté que le commandant avait été retrouvé sur le rivage vers 23h40. Des éléments que l’enquête qui a été confiée au parquet de Grossetto devra vérifier, de même que les dysfonctionnements dans le commandement qui ont été soulignés par le procureur.
De nombreux rescapés ont fait état de la pagaille qui a régné à bord dès que le bateau s’est incliné, victime d’une importante voie d’eau après avoir heurté un rocher. Pour les 4 229 passagers et membres d’équipage, dont 460 Français, c’est le sauve-qui-peut ! Et l’occasion de vérifier pour beaucoup le degré d’impréparation, autant de l'équipage que du matériel, si on en croit les témoignages qui continuent d’affluer et dont plusieurs évoquent le souvenir du Titanic…
Plus de 36 heures après le naufrage, les secours sont toujours sur place, à quelques encablures de l’île de Giglio en Toscane. Les pompiers ont réussi en fin de matinée, ce dimanche, à extraire un naufragé qui était resté coincé depuis l'accident. Il s'agit d'un Italien, membre de l'équipage, qui a finalement été évacué par hélicoptère. Nous avions « entendu une voix » provenant de la partie immergée du Costa-Concordia, « d’une zone située sur le pont numéro 3 » avaient précisé les pompiers. Les opérations pour rejoindre ce point ont été très, très compliquées, expliquent les secouristes qui doivent dégager portes, meubles et débris de toutes sortes qui encombrent les coursives du bateau semi-immergé et couché sur le flanc à 80 degrés.
Mauvaise carte ou erreur de navigation
Le Costa-Concordia, véritable ville flottante de 114 500 tonnes et de 290 mètres de long, est sorti en 2006 des chantiers navals italiens Fincantieri Sestri. Selon son opérateur, Costa Crociere, filiale de Carnival Corp & Pic, la plus importante entreprise de croisière au monde, le paquebot est doté de tous les équipements les plus modernes de navigation et de sécurité. D’ailleurs, un des rescapés a raconté comment le commandant du Costa-Concordia leur avait vanté ses radars prétendument efficaces dans un rayon de 170 km !...
Il faudra attendre les résultats de l’enquête pour comprendre comment un bateau aussi moderne a pu ainsi percuter des rochers. Si on en croit le commandant, il assure que ce récif ne figure pas sur les cartes marines. Une affirmation qu’il sera facile de vérifier. Mais selon le témoignage du porte-parole de la garde-côte, le bateau se serait approché dangereusement du bord, « ce qui a probablement causé l’accident » a conclu Luciano Nicastro. On en saura un peu plus grâce à la boîte noire dont sont équipés ce type de navires, à l’instar des avions ; elle été récupérée et saisie par la justice.
Le paquebot avait déjà eu un accident et subi des dégâts, le 22 novembre 2008, heurtant alors un mur du port de Palerme où il allait s'amarrer.