Conjoncture : coup de frein à attendre mais pas de récession en Allemagne

L’économie allemande a à nouveau connu une forte croissance en 2011. Elle n’échappera pas l’an prochain à la dégradation de la conjoncture internationale. Mais elle évitera une récession et espère rebondir, forte d’un certain nombre d’atouts.

« On peut aussi provoquer une récession à force d’en parler ». Un des principaux économistes allemands qui conseille le gouvernement n’a pas apprécié les récentes déclarations de la patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde.

Wolgang Franz, qui dirige le conseil des cinq sages réunissant les plus grands instituts de conjoncture allemands, considère que l’économie de son pays va bien. Pour lui, une récession en Allemagne n’est pas à l’ordre du jour. Mais on n’en sera pas loin pour autant. Car le même Wolfgang Franz a réduit de moitié sa prévision de croissance pour 2012 et table désormais sur une mini-augmentation du produit intérieur brut de son pays d’un demi-point contre 3% cette année. Il n’y a pas si longtemps encore, les experts espéraient une croissance deux fois plus élevée en 2012.

« L’économie, c’est 50% de psychologie ». La sentence du père du miracle économique allemand, Ludwig Erhard, vaut toujours. Le ministre de l’économie se veut, lui aussi, optimiste et juge la conjoncture dans son pays « particulièrement robuste ». « Nous sommes armés au mieux pour surmonter la dégradation de la conjoncture des prochains mois », a estimé Philipp Rösler. Les responsables allemands ne veulent donc pas se refuser à mettre en avant les risques qu’implique une conjoncture plus difficile.

L’économie allemande, très exportatrice, va souffrir du recul de la croissance. Après une hausse de 20% en 2010, de 10% en 2011, les exportations germaniques augmenteront cependant encore en 2012, mais de 3% seulement, d’après les Chambres de commerce et d’industrie. Les branches particulièrement exportatrices restent d’ailleurs optimistes, qu’il s’agisse de la machine-outil ou de l’automobile. Elles espèrent même faire de meilleures affaires en 2012 qu’en 2011.

Le chômage partiel, solution en cas de coups durs ?

Le secteur bancaire a, lui, plutôt le blues et s’attend à un recul de son activité en raison des conséquences de la crise de la dette. Plus globalement d’ailleurs, vingt-six branches économiques sur 46 se montrent optimistes pour 2012 ; onze d’entre elles émettent un avis contraire.

Malgré un recul global de l’activité, l’heure n’est pas à la désespérance. Cette appréciation générale se ressent sur le front de l’emploi. L’Allemagne comptait fin novembre 2,7 millions de chômeurs, soit un taux de 6,5% de la population active. Les experts ne s’attendent pas à une dégradation en 2012. Même si les investissements doivent baisser, 60 000 emplois industriels devraient être créés l’an prochain.

Par ailleurs, l’Allemagne encaisse encore les dividendes des réformes sociales de l’ère Schröder et profite de la compétitivité de ses entreprises et de ses produits.

Si la situation sur le marché de l’emploi devait toutefois se détériorer, les partenaires sociaux - le patronat comme les syndicats - plaident pour la prolongation d’une arme efficace qui a fait ses preuves dans le passé et dont le gouvernement a décidé l’arrêt au 31 décembre : le chômage à temps partiel, qui avait permis à l’Allemagne de surmonter une récession historique de près de 5% en 2009. Les entreprises victimes d’une baisse brutale de leurs exportations n’avaient pas licencié leurs salariés. Le chômage partiel permettait aux employeurs de conserver leurs salariés grâce à une indemnisation versée par l’agence pour l’emploi. Lorsque les carnets de commande s’étaient à nouveau remplis, les entreprises allemandes avaient immédiatement pu répondre à une demande plus importante.

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