Génocide arménien : l’origine d’une brouille diplomatique entre la France et la Turquie

Malgré l'offensive diplomatique et les pressions à caractère économique exercées par la Turquie, le Parlement français maintient pour ce jeudi 22 décembre 2011 l'examen d'une proposition de loi qui punit la négation des génocides, y compris du génocide arménien. Près de 24 heures avant l'examen de la loi, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, publie une tribune dans laquelle il accuse le législateur français d'imposer un carcan à la liberté d'expression, point d’orgue d’une escalade diplomatique.

C'est au mois d'octobre dernier, à Erevan, la capitale de l'Arménie, que le président Nicolas Sarkozy a demandé à la Turquie de reconnaître le génocide arménien. Sinon, a rajouté le chef de l'Etat français, il proposerait l'adoption d'une loi punissant, en France, la négation des génocides, y compris de ce génocide, qui a eu lieu entre 1915 et 1917 sur le territoire de l'actuelle Turquie.

Il faut dire que la France a reconnu le génocide arménien, par une loi, dès 2001. Par ailleurs, la loi sur la pénalisation du négationnisme, initiée déjà en 2006, s'était enlisée au Sénat et elle n'avait pu être adoptée, le vote ayant été rejeté en début de cette année par la majorité de droite. Or, la gauche française est devenue entre temps majoritaire à la chambre haute du Parlement et ses ténors avaient demandé la mise au vote de cette loi.

Le président Nicolas Sarkozy tient donc sa promesse faite à Erevan, ce qui irrite les autorités turques. Depuis quelques jours elles ont déclenché une véritable offensive diplomatique contre la loi punissant la négation des génocides. Elles n'ont pas manqué de rappeler le poids des français d'origine arménienne, notamment dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012. Une explication « électorale », que Paris a fermement écartée.

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