Loi sur le génocide arménien: deux délégations turques à Paris en mission dissuasion

Le ton monte entre Ankara et Paris à la veille d'un débat de jeudi 22 décembre 2011 à l'Assemblée nationale sur un projet de loi réprimant la négation du génocide arménien. Cette initiative des députés UMP, le parti majoritaire, fait beaucoup de remous en Turquie. Ankara a dépêché deux délégations à Paris pour barrer la route à cette loi sur le génocide -l'une regroupant des entrepreneurs, l'autre des parlementaires conduite par le président de la commission des Affaires étrangères turque, Volkan Bozkir.

La France aura beaucoup à perdre avec une telle loi, prévient Volkan Bozkir à la tête d'une délégation de députés turcs : « Nos échanges commerciaux s'élèvent à 13,5 milliards d'euros cette année, les Français ont investi plus de 6,5 milliards d'euros chez nous. Nous parlons donc d'un partenariat économique à hauteur de 20 milliards d'euros. Nous avons un grand avenir devant nous, un bon potentiel. Nous pouvons envisager la construction de centrales nucléaires, l'achat d'avions et bien plus encore.

Je suis ici pour stopper cette loi néfaste qui ruinerait notre merveilleuse coopération. La réaction de la Turquie sera plus dure que la France ne le pense. Lorsqu'un vase est cassé, on peut recoller les morceaux, mais il ne sera plus jamais le même ».

Le député turc accuse le gouvernement français d'agir dans le seul but de séduire la diaspora arménienne en France, forte de 500 000 personnes. « C'est juste une tentative d'avoir plus de voix aux élections l'année prochaine. Je ne vois que ça comme seule excuse ».

Volkan Bozkir se dit offensé par l'initiative française. Il craint des dégâts irréparables pour les relations entre Paris et Ankara, déjà mises à rude épreuve par le refus de la France de voir la Turquie adhérer à l'Union européenne.

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