Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
C’est une promesse électorale que Barack Obama n’aura pas tenue : faisant campagne en 2008, il s’était engagé à reconnaitre le génocide arménien quand il serait président. « Les faits sont indéniables », disait-il alors.
Pourtant pour la deuxième année consécutive, il a évité le mot qui fâche. Dans sa déclaration il parle de « l’une des pires atrocités du début du XXe siècle », de « l’inhumanité de 1915 » ou des « horribles événements de 1915 ». Mais jamais il n’utilise le mot « génocide ».
Cette pirouette sémantique vise à ne pas jeter de l’huile sur le feu à un moment ou Turcs et Arméniens essaient d’améliorer leurs relations. Le mois dernier, Ankara avait temporairement rappelé son ambassadeur à Washington, après que la commission des Affaires étrangères de la Chambre ait adopté une résolution demandant que le massacre des Arméniens soit qualifié de « génocide ».
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait prévenu que cela pourrait nuire aux relations bilatérales. Barack Obama, praticien de la Realpolitik, a préféré ne pas utiliser un vocable explosif pour ne pas irriter un allié qui joue un rôle important dans sa politique moyen-orientale.