Avec notre correspondante à Erevan, Laurence Ritter
Au bas de la longue pente qui monte au mémorial du génocide, la foule piétine. Chacun porte une fleur à la main, depuis les bébés dans les bras de leurs parents, aux très âgés qu’il faut soutenir et aider à marcher.
Il faudra parfois deux heures pour arriver jusqu’à la flamme du souvenir et déposer un œillet ou une tulipe sur l’immense mur de fleurs, qui à la mi-journée est déjà à hauteur d’homme.
Si le 23 avril au soir les commémorations du génocide rassemblent les jeunes autour de slogans, le temps d’une manifestation au flambeau jusqu’à ce même mémorial, le 24 avril, lui, est consacré à ce lent et ininterrompu cortège, malgré le froid et la pluie.
Pourtant les cérémonies marquant cette 95e commémoration du génocide ont un aspect particulier. Il y a deux jours, le président Sarkissian a officiellement déclaré que le rapprochement entre Arménie et Turquie était suspendu, car les conditions posées par la partie turque sont, selon lui, inacceptables.
Partout en ce jour du souvenir, les Arméniens affirment toujours l’importance de la reconnaissance par la Turquie de ce génocide qu’elle nie toujours, mais aussi par d’autres pays qui ne l’ont pas encore fait, au premier rang desquels, les Etats-Unis.
Toutefois, pour la première fois, en Turquie, un rassemblement est prévu en souvenir des victimes arméniennes de 1915. Intellectuels, artistes et défenseurs des droits de l'homme se sont donnés rendez vous place Taksim en plein cœur d'Istanbul.
Des commémorations se tiennent également en France, avec un défilé le 24 avril sur les Champs-Elysées et une cérémonie à l'Arc de Triomphe avec un invité de marque : Charles Aznavour. Le chanteur est aussi ambassadeur de l'Arménie auprès de l'Unesco.