Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Il fallait s’y attendre : les propos du président Sarkozy, assortis de menaces à peine voilées que la presse n’a pas manqué de relever, n’ont guère plu à Ankara. Pourtant, la consigne ici est depuis longtemps de ne pas réagir et de ne pas commenter les attaques de Nicolas Sarkozy contre la Turquie, qualifiées de « gadget électoral ».
Et c’est d’ailleurs ce même contexte de campagne pour l’élection de 2012 que redoutaient les Turcs. En privé d’abord, le ministre turc de l’Intérieur - qui recevait son homologue Claude Guéant - l’a prié de ne pas jouer double jeu, rapportent les médias locaux. Ensuite, c’est le ministre turc des Affaires européennes qui a souhaité que les préoccupations de politique intérieure ne jettent pas de l’ombre sur les relations bilatérales.
Et enfin, last but not least, c’est le chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu en personne qui a conseillé gentiment aux Français de se regarder dans leur miroir avant de donner des leçons aux autres et de faire face à leur passé colonial avant de s’occuper du passé des autres.
Sur la question du génocide, les Turcs estiment avoir fait le nécessaire en matière de réconciliation avec les Arméniens en signant, il y a deux ans, un protocole de normalisation des relations avec l’Arménie. Ce texte comprenait la constitution d’une commission mixte d’historiens devant trancher la question mais le Parlement arménien a bloqué sa ratification.