Avec notre correspondante à Moscou,Anastasia Becchio
Il est 20 heures : le bureau de vote numéro 194 dans le centre de Moscou ferme ses portes au public. Dans la salle, les membres du bureau attendent le dépouillement, mais celui-ci tarde à venir. La présence de deux observateurs du Conseil de l’Europe - deux parlementaires français - provoque une certaine inquiétude de la part du président du bureau, qui finit par accepter la présence de la mission internationale dont fait partie la sénatrice des Hautes-Pyrénées, Josette Durrieu.
« Il est 23 heures et on n’a pas encore commencé à dépouiller, fait remarquer la sénatrice avec une pointe d’ironie. Le premier problème, ça a été de nous admettre. On a tout de même essayé de nous dissuader. Maintenant nous nous rendons compte qu’au moment où on fait l’inventaire des bulletins non utilisés, certains sont marqués d’une croix. Et c’est Russie unie, comme par hasard... Il y en a une cinquantaine. Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a quelques observateurs très vigilants ».
Les bulletins cochés ont été repérés par Olga, une observatrice du parti d’opposition libérale Labloko. « Je pense que ces bulletins devaient être jetés dans l’urne, mais ils n’en n’ont pas eu le temps. En réalité, tout allait très bien jusque-là. On nous a accueillis avec beaucoup de respect : 'Entrez, chers observateurs, regardez, tout va bien chez nous, notre urne est vide'. J’ai l’impression qu’ils ont essayé d’endormir notre vigilance ».
Selon le président de Labloko, Sergueï Mitrokhine, de nombreux observateurs de son parti ont été contraints de sortir des bureaux de vote avant le dépouillement des bulletins.