Anders Behring Breivik ne sera donc probablement jamais jugé. Les familles, les proches de ses victimes et tous les Norvégiens traumatisés par les attaques qu’il a menées en juillet 2011, devront se contenter des conclusions remises par les experts psychiatres ce mardi 29 novembre, un mois après la date prévue.
Schizophrénie paranoïaque
Selon le rapport de 240 pages qu’ont établi les Drs Synne Serheim et Torgeir Husby, l’extrémiste de 32 ans avec qui ils ont 13 entretiens, souffre de psychose, une pathologie mentale qui aurait affecté sa capacité de jugement avant et au moment des faits qu’il a reconnus. L'extrémiste de droite a développé avec le temps « une schizophrénie paranoïaque », a déclaré lors d'un point de presse le procureur Svein Holden, citant les conclusions du rapport remis par les experts psychiatres.
«Les experts ont décrit une personne qui se trouve dans un univers illusoire où tous ses pensées et ses gestes sont régis par ses illusions », a poursuivi le procureur Svein Holden. Dans ce portrait délirant, M. Holden a cité « des illusions de grandeur » au nom desquelles Behring Breivik pensait pouvoir décider de « qui peut vivre et qui peut mourir ». Se considérant comme « le chevalier le plus parfait depuis la Seconde Guerre mondiale », l'extrémiste a déclaré avoir commis ses « exécutions (...) par amour pour son peuple ».
Traitement à vie
Le déroulement de la procédure prévoit maintenant l’examen du rapport d’expertise psychiatrique par une commission médico-légale. C’est elle qui se prononcera ensuite sur la validité du document. En dernier ressort, l’ultime décision sur la responsabilité pénale d’Anders Behring Breivik appartient au tribunal. Généralement, il suit l’avis des experts. Dans ce cas, Breivik serait interné dans un établissement psychiatrique où il recevrait un traitement à vie.
Un juge devra se prononcer tous les trois ans sur son maintien dans un tel établissement. S'il devait être soigné de sa psychose, Behring Breivik pourrait en théorie être transféré dans une prison s'il reste considéré comme une menace pour la société et remis en liberté dans le cas contraire.
Aucune culpabilité
Dès ses premières auditions par les enquêteurs, Anders Behring Breivik avait reconnu tous les faits qui lui étaient reprochés. D’abord, l’attentat à la bombe contre le siège du gouvernement à Oslo et dans la foulée, la fusillade d'une heure et demie contre un rassemblement de jeunes travaillistes sur l’île d’Utoya. Les deux attaques avaient tué 77 personnes, provoquant un véritable séisme à travers toute la placide Norvège.
S’il n’a jamais nié les faits, Anders Behring Breivik ne se reconnaît en revanche aucune culpabilité. Lors des premières auditions avec les enquêteurs, il avait admis que ce qu’il avait fait était « atroce mais nécessaire », estimant qu’il avait commis un acte de guerre. Au cours de l’enquête, le jeune extrémiste a également expliqué aux policiers qu’il était en croisade contre l’« invasion musulmane » et le multiculturalisme en Europe.
S’il avait été déclaré responsable, Anders Behring Breivik aurait été jugé à partir du 16 avril 2012 ; il encourait une peine de vingt et un ans de prison assortie d’une forme de rétention de sûreté permettant de le maintenir en prison tant qu’il serait considéré comme dangereux. Il est actuellement en détention provisoire dans un établissement de haute sécurité.