Il s’agit d’une première étape avec comme but d'analyser les conséquences sur l'état psychologique des astronautes. Les six membres de la mission ont passé près d'un an et demi à l'isolement. Durant ce voyage simulé vers Mars, l’équipage n’a eu aucun contact avec l’extérieur et vivait sans lumière du jour et sans air frais. Le membre français de la mission Mars 500, Romain Charles, a fait partie de l'équipage. « Dans le module, on n’avait pas de contact direct avec l’extérieur, on a vécu pendant ce temps sous la lumière des néons. En sortant, après 520 jours, ce qui m’a fait énormément plaisir c’était de voir le soleil se lever le lendemain matin. Dans la chambre d’hôpital où on était en quarantaine avec d’autres membres de l’équipage, j’ai pu observer les changements de couleur et je me suis rendu compte assez rapidement qu’il ne fallait pas regarder le soleil directement », raconte Romain Charles.
Les six volontaires vont devoir passer de nombreux examens médicaux pendant un mois. Ensuite, une équipe scientifique va revoir les participants dans trois mois pour en tirer des conclusions sur le retour d'isolement, le thème ayant très peu été étudié jusqu’à présent.
Avant d’envisager un vol habité vers Mars il faut également résoudre quelques difficultés techniques. A commencer par le vaisseau spatial qui reste à construire. Il doit pouvoir emporter une charge importante avec tout le matériel nécessaire mais surtout il doit être bien isolé pour protéger l'équipage des radiations cosmiques. Il faut également trouver une solution concernant le carburant qui va servir pour le retour. « Même pour cela il y a une astuce, selon Charles Frankel, planétologue et grand spécialiste de Mars. La petite combine, qui est intéressante et qui réduirait les coûts de la mission, c’est de fabriquer le carburant (le propergol) sur place pour revenir. C’est ça l’astuce. On pourrait aller se poser avec le carburant nécessaire pour le retour comme on a fait lors de l’expédition sur la Lune mais cela coute très cher. Or, vous pouvez fabriquez le carburant sur Mars. C’est possible car il y a une fine atmosphère autour de Mars qu’on peut faire réagir chimiquement pour obtenir de l’hydrogène, du méthane et de l’oxygène. Et avec tout ça on peut fabriquer son propergol sur place et avoir comme une station service », affirme Charles Frankel.
Mais le coté technique n’est pas la seule équation à résoudre. L'obstacle principal réside dans la volonté politique. Il faut se souvenir que le contexte est bien différent des missions Apollo qui ont conquis la Lune. L’époque de la guerre froide est derrière nous et il faut trouver une raison pour envoyer l’homme si loin. Par ailleurs, l'exploration de l'espace coûte très cher. « Il faut faire des programmes à faible coût et qui mettent des dizaines d’années à être préparés, et quand on voit les résultats après, les décideurs ne semblent pas très motivés à poursuivre. Mais s’il y a une volonté politique on peut tout faire. En 1961, Kennedy a dit qu’il fallait aller sur la Lune. Il n’avait rien pour y aller et on y a été en 1969. Donc, il n’y a rien que les dollars ne puissent faire. Mais il y avait une volonté politique et une émulation entre deux nations. Je ne crois pas que l’on ait ni l’un ni l’autre à notre époque », estime Jean Pierre Martin, physicien et passionné de l'astronomie.
Mais l'exploration de Mars a commencé depuis longtemps avec les sondes automatiques. Et les missions de ce genre se multiplient car elles nous apportent beaucoup d'informations. Plus nous disposons d’informations plus on se pose de questions sur la planète rouge. Les missions automatiques sont précieuses mais l’homme reste indispensable pour effectuer certaines tâches à la place des robots.
« A l’heure actuelle, l’homme est infiniment plus performant que le robot. C’est plus cher et plus dangereux d’envoyer un équipage sur Mars. Mais ça stimule beaucoup plus l’intérêt du public qui finance finalement cette entreprise. Et on va avoir un retour sur l’investissement énorme parce qu’un robot qui coute 2 à 3 milliards d’euro et qui rapporterait 100 grammes de sol martien ce n’est rien par rapport à l’équipage qui va aller sur place brasser des tonnes de rochers, les étudier d’abord sur Mars avant de les rapporter sur Terre. Et là on aura un trésor inestimable comme celui que nous on rapporté les astronautes d’Apollo », souligne Charles Frankel.
La marche vers Mars a donc bel et bien commencé. Si les grandes puissances spatiales trouvent le financement et expriment leur volonté de conquérir la planète rouge, un vol habité est envisageable dans 20 ou 30 ans. En attendant, l'exploration de Mars continue avec les missions robotisées.