L'avenir de la Grèce. Le sujet a concentré la majeure partie des débats durant ces deux jours. Le référendum proposé aux Grecs par leur Premier ministre Papandréou sur l'accord de Bruxelles n'est finalement plus d'actualité. Le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos a indiqué avoir officiellement annoncé aux chefs de la file de la zone euro et à son homologue allemand la décision de la Grèce de « ne pas organiser le référendum » qu'elle avait prévu sur le plan européen de sortie de crise.
L'Italie sous surveillance du FMI. Tel un Ulysse au coeur de la tempête européenne et interne à l'Italie, Silvio Berlusconi s'accroche au mât pour résister à l'appel des sirènes le poussant à la démission. Il a jugé que personne d'autre que lui ne pouvait avoir l'autorité nécessaire pour représenter son pays à l'étranger. Selon lui, les députés de son camp appelant à son départ trahissaient l'Italie en période de crise économique. Silvio Berlusconi a dit avoir repoussé une offre de soutien financier de la part du Fonds monétaire international, mais le Cavaliere a demandé que « le Fonds puisse surveiller, certifier publiquement tous les trois mois l'état d'avancement de nos réformes ».
Ce même FMI est sorti renforcé du G20 cannois. Le sommet l'a placé au coeur du
dispositif, à la fois en ce qui concerne les moyens nécessaires pour faire face à la crise, mais aussi au sein de la zone euro. Pour sa directrice, la Française Christine Lagarde, « le problème de l'Italie, c'est le manque de crédibilité des mesures économiques annoncées par son gouvernement ». Les experts du FMI seront « sur le terrain avant la fin du mois », a-t-elle annoncé, une décision qui n'a pas eu l'heure de plaire à l'opposition italienne.
Taxe sur les transactions financières. Dans son discours de clôture, Nicolas Sarkozy a souhaité qu'une taxe sur les transactions financières soit mise en place dans les pays de l'Union européenne « dès l'année 2012 ». Le président français a assuré que ce projet de taxe préparé par la Commission européenne serait examiné par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE « dès le début » de l'année prochaine. « La France se battra pour que cette taxe devienne une réalité », a-t-il affirmé.
Le chef de l'Etat s'est réjoui que, désormais, « un certain nombre de pays ont rejoint le combat de la France », citant la Commission européenne, l'Allemagne, l'Espagne, l'Argentine, l'Union africaine, l'Ethiopie, l'Afrique du Sud et le secrétaire général des Nations unies. « Nous considérons moralement comme absolument indispensable que les peuples du monde sachent que les acteurs financiers qui ont conduit le monde dans les travers que nous connaissons seront amenés à contribuer financièrement à la réparation des dégâts qui ont été créés », a-t-il insisté.
Les banques dans le collimateur. Les régulateurs ont identifié au total 29 banques dites d'importance « systémique » qui, de par leur taille, représentent un danger pour l'ensemble de l'économie en cas de faillite, et vont leur imposer une série de mesures pour les renforcer. Parmi ces établissements, figurent les françaises Banque populaire, Caisse d'épargne, BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale, mais aussi plusieurs banques d'affaires américaines dont Goldman Sachs, selon un communiqué publié vendredi par le Conseil de stabilité financière (FSB).
Paradis fiscaux. Bis repetita, trois ans après le G20 de Londres : les places financières sont pointées du doigt. Nicolas Sarkozy a assuré vendredi que les pays qui continuent à abriter des paradis fiscaux, dont une liste de onze devrait être publiée, seraient « mis au ban de la communauté internationale ». « Nous nous ne voulons plus de paradis fiscaux. Le message est très clair [...] les pays qui demeurent des paradis fiscaux avec la dissimulation financière seront mis au ban de la communauté internationale. »
Des promesses floues. Au détour d'une phrase, noyée dans le communiqué final, les pays du G20 ont bel et bien confirmé que les moyens financiers du FMI seraient augmentés. Pour l'instant aucun détail n'a été fourni sur l'ampleur de ces nouveaux financements, pas plus que sur leur nature. Trois options sont envisagées, a simplement déclaré Herman Van Rompuy, le président de l'Union européenne : des contributions bilatérales, comme lors de la crise de 2009, des émissions de DTS, ces paniers de devises qui servent de réserves monétaires au FMI, ou encore un sorte de compte spécial, qui serait alimenté par des contributions volontaires... Autre zone d'ombre de cette augmentation de ressources : quels seront les pays contributeurs et les pays bénéficaires ? Aucune déclaration officielle à ce sujet mais certains pays émergents, dont le Brésil, ont fait savoir qu'ils seraient prêts à venir en aide à la zone euro, à condition de passer justement par le biais du Fonds monétaire international.
Barack Obama confiant. Le président des Etats-Unis a estimé vendredi que l'Union
européenne était « en mesure » de répondre à la crise de sa dette, à l'issue du sommet du G20 auquel il a participé à Cannes. « En ce qui concerne l'Europe, nous sommes venus à Cannes pour discuter avec nos amis européens de la façon dont ils pouvaient partir du plan sur lequel ils se sont mis d'accord la semaine dernière pour résoudre cette crise », et « après avoir écouté nos partenaires européens ces deux derniers jours, je suis certain que l'Europe est en mesure d'être à la hauteur de ces difficultés. »
Plongée des Bourses. Les Bourses européennes ont terminé dans le rouge ce vendredi, les investisseurs restant inquiets pour la Grèce et l'Italie malgré l'abandon du référendum sur le plan de sauvetage de la zone euro et les assurances données par les dirigeants du G20. La Bourse de Paris a fini sur un repli de 2,25%, dans un marché en proie aux incertitudes et ponctuellement inquiet par la situation de l'Italie, dont les taux obligataires ont atteint un nouveau record historique. Celle de Milan a clôturé sa séance sur une baisse de 2,66%, pour les mêmes raisons.
Nicolas Sarkozy a clôturé ce G20 plutôt satisfait de l'action conjointe franco-allemande sur l'impasse grecque, et fort du soutien affirmé des Etats-Unis concernant la taxe sur les transactions financières.