Rien ne s’est déroulé comme prévu au sommet du G20 de Cannes, du fait de la situation d’urgence créée par les revirements des autorités grecques à l’égard du plan de sauvetage mis au point une semaine plus tôt pour éviter la faillite de ce pays membre de la zone euro.
Seul le passage de témoin entre la France et le Mexique, à l’heure du déjeuner ce vendredi, s’est passé sans encombre. En coulisse, ministres et diplomates y travaillaient depuis un moment, explique une diplomate française. Seule ombre au tableau, l’absence de contact au sommet entre Nicolas Sarkozy et son homologue Felipe Calderon. Pas le moindre entretien bilatéral au programme. Rien à voir avec de quelconques divergences économiques. Seule en cause, semble-t-il, l’inimitié suscitée par l’affaire Florence Cassez, cette Française de 36 ans emprisonnée depuis près de six ans au Mexique - une affaire politisée au grand regret de la jeune femme.
Le sommet de la tension
L’annulation de l’année du Mexique en France a constitué une poussée d’animosité entre les autorités des deux pays. Le sommet de Cannes n’a pas montré le moindre indice de réchauffement.
A titre de comparaison, le sommet de Séoul avait permis à la France de communiquer haut et fort sur ses priorités à venir. Outre l’intervention des Français en séance plénière, un entretien bilatéral entre le président sud-coréen Lee Myung Pak et son successeur à la tête du G20 avait permis d’évoquer les perspectives d’avenir. Les Français avaient abondamment communiqué sur leurs intentions.
Continuité et rupture
Tout cela n’empêche pas le Mexique de reprendre à son compte les priorités d’alors. Lorsque Felipe Calderon annonce à Cannes son ambition de « renforcer l’architecture financière internationale », il reprend les termes exacts de la formule présentée à Séoul par la France. Le président mexicain se dit également prêt à renforcer le rôle du FMI dans la prévention des crises. Point de vue largement partagé. Mais des nuances apparaissent concernant l’intervention du FMI dans la crise européenne actuelle. M. Calderon verrait d’un bon oeil l’utilisation des mécanismes du Fonds pour soutenir des économies développées dont on n’aurait jamais pensé qu’elles auraient besoin du soutien du FMI.
En clair, le nouveau président du G20 verrait bien les pays européens suivre l’exemple du Mexique lorsqu’il avait demandé au FMI un prêt de 72 milliards de dollars au début de la crise financière de 2008.
Or, l’Italie désormais en ligne de mire, se refuse pour l’instant à en venir à de telles extrémités. Tout juste Silvio Berlusconi se résout-il aujourd’hui à accepter une vérification par le FMI de la mise en œuvre des mesures anti-crises adoptées par l’Italie. Pas question de recourir à une aide financière du FMI pour l’instant.
Prochain rendez-vous dans sept mois
L’Italie n’aura que quelques mois pour faire ses preuves avant le prochain sommet. Le président Calderon, dont le mandat présidentiel expire dans un an, a décidé de fixer le prochain rendez-vous au mois de juin, soit un mois avant la tenue des élections dans son pays.
Cela laisse peu de temps aux dirigeants du G20 pour progresser sur nombre de dossiers laissés en souffrance lors du sommet de Cannes.
Sur l’une des mesures phares du financement du développement - la taxation des transactions financières - aucun signal n’est venu de la part du Mexique qui reste opposé à cette mesure prônée par la France et un nombre croissant d’Etats. Certains veulent croire que le G20 ne fera pas marche arrière sur ce sujet, que la taxe est entrée à l’agenda du G20 et n’en sortira pas. Rendez-vous au printemps. Entre temps, un réchauffement des relations entre Paris et Mexico pourrait toujours aider à rapprocher les points de vue.
A l’issue du sommet de Cannes, Felipe Calderon a expliqué que son gouvernement avait approuvé toutes les décisions nécessaires pour résoudre la crise de l’euro, le plus vite possible, afin que la crise ne revienne pas lors du prochain sommet.