Avec notre envoyée spéciale à Bruxelles
On nous avait effectivement annoncé que la nuit serait longue. Et alors que tout le monde pensait acquise une participation accrue du secteur privé au deuxième plan de sauvetage de la Grèce, le patron de l'Institut de la finance internationale, l'Américain Charles Dallara, qui négocie au nom des banques avec les pays de la zone euro, a publié un communiqué pour annoncer qu'aucun accord n'était en vue.
Une réunion au sommet dans les bureaux d'Herman Van Rompuy, le
président du Conseil européen, a aussitôt été convoquée. Face au représentant du lobby bancaire, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, soutenus par Christine Lagarde, plus que jamais déterminés à arracher un accord. Après 45 minutes de négociation qualifiée de très tendue, l'Allemagne a menacé de passer par la manière forte si nécessaire à savoir une restructuration imposée de la dette grecque, chacun a dû faire des concessions.
Les créanciers privés ont ainsi accepté d'effacer la moitié de la dette grecque qu’ils détiennent, soit 100 milliards d'euros. En échange, les Etats de la zone euro se sont
engagés à garantir à hauteur 30 milliards d'euros les nouvelles obligations qui seront contractées par les banques à des taux plus faibles et plus une maturité plus longue. La Grèce devra elle aussi faire des efforts en appliquant à la lettre les engagements pris. Le pays sera sous étroite surveillance, a prévenu Angela Merkel. Une forme de tutelle pour vérifier que les réformes promises seront bien appliquées.
Renforcement du Fonds européen de stabilité financière
Présenté comme le pare-feu à une contagion de la crise de la dette en zone euro, le renforcement des capacités du Fonds européen de stabilité financière (FESF) avait suscité de nombreuses controverses et créé des tensions au sein du couple franco-allemand.
Doté à l'origine d'une force de frappe 440 milliards d'euro, ce mécanisme n'avait plus à disposition que 250 milliards, le reste ayant été englouti dans les aides à l'Irlande et au Portugal. Insuffisant donc pour contrenir la crise.
Mais les 17 sont également parvenus à un accord sur le renforcement de ce fonds. A en croire Nicolas Sarkozy, ce mécanisme de secours, par un effet de levier, sera doté d'une force de frappe de 1 000 milliards d'euros. Il devrait être opérationnel d'ici fin novembre.
L'architecture en a été définie, mais beaucoup de négociations techniques sont encore nécessaires avant sa mise en service. Deux mécanismes sont évoqués pour démultiplier ses capacités. Le premier va consister à garantir une partie des pertes éventuelles des investisseurs privés lorsqu'ils achèteront des obligations souveraines sur le marché primaire.
Le second va revenir à créer un ou plusieurs fonds spéciaux destinés à attirer les investisseurs extérieurs privés ou publics, comme les pays émergents. Mais rien n'indique que cela suffira à rassurer les marchés financiers qui espéraient que ce fonds serait doté d'au moins 2 000 milliards d'euros.
Ces mesures vagues ont poussé Christine Lagarde, directrice du FMI, à appeler à détailler davantage les modalités de fonctionnement de ce « Fonds de secours amélioré ».