Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Un terme revient souvent ce dimanche 25 septembre 2011 dans les commentaires, un terme connu des joueurs d’échecs, celui de roque. Il s’agit d’un mouvement qui consiste à intervertir les positions de la tour et du roi pour mettre celui-ci à l’abri.
« Cette inversion des rôles au sein du tandem ne changera rien », estime pour sa part le chef du parti communiste, Guennadi Ziouganov, qui estime que le pays va s’enfoncer dans la crise.
« Aujourd’hui, le président de la Russie a abdiqué au profit de Poutine. C’était attendu, mais c’est quand même triste », affirme le quotidien MK. « Poutine revient pour longtemps. Poutine est désormais tout pour nous : notre passé, notre présent et notre futur », écrivent les commentateurs du journal sur leur site internet.
Le quotidien en ligne Gazeta.ru a interrogé des hommes politiques, des économistes et des politologues. Une partie d’entre eux pronostique une explosion sociale et une fuite des capitaux et des cerveaux. C’est le cas de l’ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov, aujourd’hui à la tête d’un parti qui n’a pas été autorisé à s’enregistrer officiellement.
D’autres, enfin, parlent de capitulation politique de Medvedev. La radio Echo de Moscou a d’ailleurs fait un petit sondage auprès de ses auditeurs : 76% d’entre eux estiment qu’en s'effaçant devant son mentor, l’actuel président a fait preuve de faiblesse politique.
« Aucune raison de se réjouir »
Au Congrès de Russie Unie, à l’inverse, les annonces faites hier ont été largement applaudies par les 11 000 participants, mais elles suscitent quand même quelques réserves dans les sphères du pouvoir. Les Izvestia rapportent la petite phrase laissée par l’adjoint de Medvedev pour les questions économiques, sur son micro blog Twitter. « Il n’y a aucune raison de se réjouir », a écrit laconiquement Arkadi Dvorkovitch, qui n’est pas venu assister au congrès.
Un peu plus tard, le porte parole de Vladimir Poutine, Dimitri Peskov, mettait les choses au clair : « si quelqu’un n’est pas d’accord avec l’approche stratégique du tandem, qu’il quitte l’équipe ».
Et visiblement, la séance d’explications ne fait que commencer : le ministre des Finances Alexei Koudrin, que d’aucuns voyaient comme un potentiel futur chef de gouvernement, annonce qu'il donnera sa démission si Dmitri Medvedev devenait un jour Premier ministre.