Le ton monte de nouveau entre la Russie et l'Ukraine, principal pays de transit du gaz russe vers l’Union européenne. Les conflits sur le prix du gaz russe payé par les Ukrainiens ont, par le passé, entraîné plusieurs blocages de l'approvisionnement européen. Ces deux gazoducs, le South Stream et le North Stream, permettront de transporter vers l’Europe presque la même quantité que celle qui transite actuellement par l’Ukraine, soit environ 100 milliard de mètre cube par an.
C’est pour cette raison qu’aujourd’hui 16 septembre 2011, l’Ukraine vient de proposer que South Stream passe par son territoire. Kiev avance l’argument selon lequel le coût de construction du gazoduc serait alors cinq fois moins élevé. Proposition rejeté immédiatement par le géant russe Gazprom.
Mais South Stream est loin d’être concrétisé car les contrats à long terme pour rentabiliser ce gazoduc ne sont pas signés. « Signer un accord d’intention, ça n’engage à rien. Car le financement de ce projet n’est pas encore sur la table, aussi bien du côté du producteur que du côté de l’acheteur. On parle aussi de l’arrivée en Europe du gaz de schiste nord-américain à un coût très intéressant. C’est la raison pour laquelle les grands acheteurs ne sont pas pressés de se lancer dans de grands contrats », estime Jean-Marie Chevalier, professeur au Centre de géopolitique de l’énergie à l’université Paris Dauphine.
L’UE négocie un accès au gaz de la mer Caspienne
South Stream est aussi censé concurrencer le projet européen Nabucco. Ce dernier doit livrer le gaz de la mer Caspienne à l'Europe occidentale en passant par la Turquie tout en évitant la Russie. Les riches gisements d’Azerbaïdjan et du Turkménistan doivent alimenter ce gazoduc. Cette semaine, la Commission européenne a donné son feu vert à l’ouverture de négociations avec les deux pays riverains de la mer Caspienne. Ce qui a mécontenté la Russie.
Pour elle, Nabucco est une « ingérence » susceptible de compliquer « la situation dans cette région stratégique ». Mais la vérité est ailleurs. La Russie s’inquiète car tout nouveau concurrent potentiel lui pose problème. « Aujourd’hui, l’Union européenne est son principal marché d’exportation en matière de gaz. 140 milliards de mètres cube sont transportés chaque année. Donc les Russes sont extrêmement dépendants, en terme de devises, de ce marché », souligneCatherine Locatelli, chargé de recherches au CNRS et spécialiste du gaz et du pétrole russe.
De son côté, l’UE, avec Nabucco, vise à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie qui fournit 40% de ses besoins. D’autres projets de gazoducs sont soutenus par la Commission européenne dans le cadre du Corridor Sud : l’Interconnector Turquie-Grèce-Italie (ITGI), le Trans Adriatic Pipeline (TAP) et le White Stream, entre l’Azerbaïdjan et l’Europe. Tous ces gazoducs sont destinés à diversifier l’approvisionnement énergétique de l’Europe occidentale.
Gazprom à la conquête du marché de l’est
Gazprom a annoncé hier 15 septembre avoir entamé les négociations avec la Corée du Nord et la Corée du Sud sur la construction d'un tuyau destiné à transporter du gaz russe vers la péninsule coréenne. Le gazoduc devrait faire 1 700 km de long et aura une capacité allant jusqu'à 10 milliards de mètres cube par an.
Tandis que la semaine dernière a été inauguré le premier tronçon du gazoduc Sakhaline-Khabarovsk-Vladivostok, première étape d'un vaste plan pour exporter du gaz dans la région Asie-Pacifique. D'une longueur de 1 800 km, il doit permettre de transporter, dans un premier temps, six milliards de mètres cube de gaz par an et, à terme, quelque 30 milliards de mètres cube.