Malgré les événements récents (ces protestations allemandes notamment autour de l’attribution du prix Quadriga à Vladimir Poutine, attribution annulée), l'Allemagne et la Russie entretiennent des liens très étroits depuis la fin de la guerre froide, notamment dans le secteur énergétique.
L'Allemagne importe de Russie 40 % du gaz et 30 % du pétrole qu’elle consomme. C'est d'ailleurs pour cela que Berlin a fortement insisté pour la construction d'un nouveau gazoduc, le Nord Stream, qui doit relier directement les villes de Greifswald en Allemagne et celle de Vyborg en Russie, via la mer Baltique.
Au départ, ce projet a été largement contesté notamment par la Pologne et les trois Etats baltes qui auraient préféré que les deux oléoducs passent par leur territoire, et profiter ainsi du gaz russe. Mais leurs arguments se sont heurtés à ceux des deux grands amis signataires, Vladimir Poutine et Gerhard Schröder.
La sortie du nucléaire va encore augmenter les échanges
Le gazoduc Nord Stream acheminera donc, dès le mois de novembre 2011, cinquante cinq milliards de mètres cubes de gaz russe. Ces quantités pourraient être revues à la hausse. Depuis que la chancelière allemande a annoncé la fermeture des centrales nucléaires à l’horizon 2022, les groupes énergétiques allemands se sont lancés à la recherche de solutions alternatives. Le groupe RWE vient, par exemple, d’annoncer qu’il souhaitait s'associer au géant russe Gazprom pour construire et gérer des centrales électriques en Europe.
« La sortie du nucléaire devrait donc pousser encore davantage l’Allemagne dans les bras de la Russie », explique Francis Perrin, directeur de la revue Pétrole et gaz arabes.
A l’inverse, pour Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l'Institut franco-allemand et spécialiste des questions énergétiques, « ce type de contrat prouve la dépendance des Russes à l'égard des technologies allemandes ». Les équipements russes sont vétustes. Les autorités russes s’inquiètent donc du gaspillage énergétique actuel. « Elles ont besoin du savoir-faire allemand. On est dans une relation gagnant-gagnant », poursuit Henrik Uterwedde.
Pékin 1er partenaire de Moscou à la place de Berlin
Autre domaine dans lequel les Russes sont demandeurs : les technologies de l’information et de la communication. Dmitri Medvedev veut investir dans ce domaine. Il a d'ailleurs lancé son projet de Silicon Valley dans la banlieue de Moscou, un projet qui intéresse plusieurs entreprises allemandes, et notamment la société Siemens.
Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir des relations entre les deux pays. Jusqu’en 2007, l'Allemagne était le premier partenaire commercial de Moscou. Mais Pékin a détrôné Berlin, la Chine étant très consommatrice de matières premières russes.
Les relations économiques et commerciales entre Russie et Allemagne dépendront aussi de la politique en matière de visas entre la Russie et l'Union européenne. Ces restrictions administratives coûtent, chaque année, plus de 160 millions d'euros aux entreprises allemandes et russes.