Les marchés européens continuent de broyer du noir. De Zurich à Milan en passant par Paris et Londres, presque toutes les places financières accusent de sévères reculs. Ce qui inquiète aujourd’hui les investisseurs, c’est d’abord la menace d’une dégradation de la note de la dette qui pèse sur trois grandes banques françaises. La Société générale, le Crédit agricole et BNP Paribas, trop exposées à la dette grecque, pourraient, en effet, voir leur note dégradée par l'agence de notation Moody’s. La décision de l’agence est attendue dans les prochains jours.
La première banque la plus exposée est BNP Paribas qui a prêté près de 5 milliards d’euros à Athènes. Viennent ensuite la Société générale avec 2,6 milliards et le Crédit agricole, 650 millions. Un impact de défaut de paiement de la Grèce serait, en effet, terrible : baisse brutale du cours, besoin de capitaux nouveaux et recherche de liquidités. Conséquence de ces craintes, les titres de BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale perdaient plus de 10% ce lundi 12 septembre 2011. Une banque semble plus visée que les autres : la Société générale dont le cours a perdu 58% depuis le mois de juillet 2011.
Un plan d’économies pour la Société générale
Pour rassurer les marchés, la Société générale a annoncé, ce lundi, un plan d’économies, au sein de sa banque de financement et d’investissement, la BFI. Son PDG Frédéric Oudéa a également annoncé qu’il allait procéder à des cessions d’actifs et à une réduction des activités dans le financement aéronautique ou le commerce maritime. Avec pour objectif de libérer 4 milliards d’euros de fonds propres supplémentaires d’ici 2013.
Pour certains économistes comme Eric Delannoy, vice-président du cabinet Weave, cette défiance des marchés ne correspond pas une réalité économique : « Globalement, les banques françaises sont en bonne santé avec 2 à 8 milliards d’euros de bénéfices par an. Les fondamentaux de la Société générale sont sains avec notamment un plan de restructuration, une réorientation pour renforcer la banque de détail et des résultats qui sont, certes, en retrait par rapport à avant, mais qui restent néanmoins largement bénéficiaires ».
De nouveaux capitaux pour les banques
Le gouverneur de la Banque de France juge, pour sa part, que les banques françaises sont suffisamment solides pour faire face à tous les scénarios sur la Grèce. Et Christian Noyer de rappeler que les établissements français n’ont « ni souci de liquidité, ni problème de solvabilité ». Pour sa part, le ministre des Finances François Baroin a qualifié de « négatives » et « toxiques » les rumeurs sur un supposé manque de crédibilité des derniers tests de résistance bancaire.
En difficulté, les banques pourraient-elles avoir recours à l’aide de l’Etat ? Pour le ministre de l'Industrie, Eric Besson, il est « totalement prématuré » d'évoquer l'hypothèse d'une nationalisation partielle des banques françaises pour prévenir des retombées graves de la crise de la dette. Reste que le gouvernement pourrait intervenir pour aider le secteur bancaire comme il l’avait fait au plus fort de la crise. En 2008, après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, l'Etat français avait ainsi débloqué une enveloppe de 360 milliards d'euros sous la forme de fonds propres et d'aides au refinancement.
Dès lors, le débat fait rage pour savoir si les banques européennes sont suffisamment capitalisées. Les appels à la recapitalisation des banques européennes se multiplient. Pour le Fonds monétaire international (FMI), « des banques solides et suffisamment capitalisées sont le meilleur garant de la confiance sur les marchés ». Une recapitalisation qui pourrait passer, selon sa directrice générale Christine Lagarde, par le biais du Fonds de soutien européen. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) appelle également la zone euro à renforcer la capitalisation de ses banques.