C'est une machine arrière fracassante qu'a opéré le grand argentier de la zone euro. En juin, ses experts tablaient encore sur une croissance revue à la hausse à 1,9% pour l'année en cours. Finalement, on serait plus proche de 1,6% pour 2011.
L'environnement est bien trop incertain pour compter sur un net rétablissement en 2012. La Banque centrale européenne prévoit pour l'année prochaine une croissance encore plus faible, là aussi en dessous de ses précédentes évaluations trimestrielles.
Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, habituellement très mesuré et neutre dans ses propos, a détonné en soulignant « l'énorme degré d'incertitude » qui pèse actuellement sur l'économie mondiale et la zone euro. Les Bourses européennes ont piqué du nez dans la foulée avant de se relever, rassurées par les déclarations suivantes sur le secteur bancaire.
La BCE a promis de continuer à fournir en liquidités les établissements dans le besoin. La crainte d'une nouvelle crise d'assèchement du crédit s'est donc provisoirement éloignée. Dans ce contexte plus que morose, la BCE a stoppé sa politique de relèvement des taux, car surenchérir le coût de l'emprunt quand la croissance est aussi atone ne ferait qu'aggraver le risque de récession.