La crise des dettes et la croissance en berne minent les marchés

Dans le sillage de Wall Street et des marchés asiatiques, les Bourses européennes ont fait, vendredi 5 août 2011, face à un vent de panique, malgré les décisions de la BCE. Les investisseurs redoutent qu’il n’y ait pas assez de croissance pour payer les intérêts de la dette.

Les marchés continuent de broyer du noir. De New York à Hong-Kong en passant par Londres, presque toutes les places financières accusent de sévères reculs. Plus de 1 765 milliards d’euros de capitalisation boursière sont partis en fumée cette semaine. Les craintes s’accumulent et les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) ont laissé les marchés sur leur faim.

Les mesures de soutien sur le marché de la dette, irlandaise et portugaise, annoncées jeudi par son président Jean-Claude Trichet n’ont pas rassurés. Les annonces de l’Institut de Frankfort concernant le refinancement des banques n’ont également pas été couronnées de succès sur le marché interbancaire.

Création d’obligations européennes

Ces tensions ont semble-t-il contraint le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn à interrompre ses vacances pour rentrer à Bruxelles. Il a ainsi annoncé que la Commission européenne présenterait avant l’été un rapport sur l’idée d’obligations communes à la zone euro, les fameux « Eurobonds ». Cette proposition, défendue par Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, permettrait en mutualisant les dettes européennes de faire baisser les taux d’emprunt des pays les plus fragiles de la zone euro. Mais l’Allemagne y est réticente.

Olli Rehn a également affirmé, vendredi, que « l’application de l’accord européen du 21 juillet sur le sauvetage grec est l’affaire de quelques semaines ». Des experts de la BCE et du Fonds européen de stabilité financière (FESF) « y travaillent nuit et jour », a précisé le Commissaire. En France, le président Nicolas Sarkozy a entamé des consultations par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero.

Croissance mondiale en berne

La crise des dettes dans la zone euro n’est pas seule en cause. Les marchés sont inquiets des perspectives de la croissance mondiale. Les investisseurs redoutent qu’il n’y ait pas assez de croissance, en Europe ou aux Etats-Unis, pour payer les intérêts de la dette. L’accord sur le relèvement de la dette publique américaine s’avère très insuffisant et les perspectives d'une reprise rapide s'éloignent tous les jours.

Aux Etats-Unis, la production manufacturière a atteint en juillet son niveau le plus bas depuis deux ans. Quant aux dépenses des ménages, elles ont reculé de 0,2%. Du jamais vu depuis septembre 2009. Les bons chiffres de l’emploi, publiés vendredi 5 août 2011, vont-ils inverser cette tendance ? En juillet, l’économie américaine a ainsi créé 117 000 emplois contre 46 000 en juin. C’est une très bonne surprise puisque les analystes tablaient sur 85 000. Grâce à ces embauches, le taux de chômage baisse de 0,1% pour s’établir à 9,1% de la population active. Cette timide évolution a surpris les marchés qui tablaient sur une stabilité du taux de chômage.

Partager :