Son approbation était quasi assurée. Le Parti socialiste au pouvoir (PSOE) et le principal parti d'opposition de droite, le Parti populaire (PP), étaient déjà tombés d’accord.
Les parlementaires ont validé, à 316 voix pour et 5 contre, le texte, qui prévoit une réforme constitutionnelle introduisant la « règle d’or » sur la stabilité budgétaire : une limite de déficit à 0,4% du PIB d'ici à 2020 sera inscrite dans une loi organique facile à modifier en cas de besoin.
L'Espagne est le premier pays à répondre à l'appel lancé le 16 août par la France et l'Allemagne. Ces derniers ont souhaité que les 17 pays de la zone euro adoptent avant l'été 2012 la « règle d’or » visant à l'équilibre budgétaire. Berlin l'a inclue en 2009 dans sa Constitution tandis que l'Italie et la France s’y préparent.
Madrid vise à ramener son déficit budgétaire à 6% du PIB cette année et dans la limite de 3% du PIB en 2013 comme prévu par le Pacte pour les pays de la zone euro. Mais l'objectif semble difficile à atteindre car le gouffre financier des régions espagnoles se révèle un peu plus chaque jour, et il pourrait remettre en cause les engagements de réduction du déficit. L’endettement cumulé des régions est de 121 milliards d'euros.
Les adversaires s’organisent
La rapidité avec laquelle le gouvernement de gauche a agi pour assurer l’approbation de la « règle d’or » a suscité des critiques au sein même du Parti socialiste espagnol. La ministre de la Défense, Carme Chacon a implicitement appelé lundi à un référendum. Elle a estimé qu’une participation populaire est nécessaire dans les grandes décisions politiques du pays.
D’ailleurs une pétition en ce sens circule sur internet et elle a déjà recueilli plus de 120 000 signatures. Tandis que les deux principaux syndicats, CCOO (Confédération syndicale des commissions ouvrières) et UGT (Union générale des travailleurs), ont appelé à une grande manifestation la semaine prochaine, le 6 septembre, à Madrid contre ce projet. Certains partis minoritaires qui sont contre la règle, pourraient obtenir, en vertu de la loi, un référendum s'ils mobilisaient au moins 10% des députés ou des sénateurs.
Rassurer les marchés
Dès l’annonce de l’accord politique sur la « règle d’or », l'agence de notation Moody's a salué la décision de Madrid. Récemment obligée d'emprunter à des taux records, l'Espagne avait besoin de redresser son image pour ne pas laisser croire qu'elle faisait partie des mauvais élèves européens comme la Grèce. Fin juillet, Moody's avait émis des doutes sur la capacité de l'Espagne à atteindre ses objectifs budgétaires et sur ses difficultés à se refinancer. Ainsi, le pays avait été placé sous surveillance pour un possible abaissement la note « Aa2 » (la troisième meilleure note possible dans sa classification) de l'Espagne.
Le pays commence peut-être à cueillir les premiers fruits. Le Trésor espagnol a émis ce jeudi pour 3,621 milliards d'euros d'obligations à cinq ans, parvenant à négocier des taux d'intérêt en baisse par rapport à la dernière émission similaire. C’est un signe d'une légère détente des marchés.