Comme l'or, le franc suisse a atteint, ces dernières semaines, de nouveaux records face au dollar et à l’euro. Depuis le 1er janvier, les cours du franc ont ainsi augmenté de 25% par rapport à l’euro et la devise suisse approche désormais de la barre de 1,14 CHF pour 1 euro. Même tendance pour le billet vert : 1 dollar pour 0,79 CHF. Plusieurs facteurs expliquent cette flambée. La crise de la dette des deux côtés de l’Atlantique pousse les investisseurs à se réfugier sur le franc suisse et à déserter les deux grandes monnaies de réserve que sont le dollar et l’euro.
Les signes de ralentissement de l’économie mondiale détournent également les investisseurs des marchés d’actions. Ce surenchérissement inquiète les autorités helvétiques qui ont mis en place des mesures pour contrer cette hausse de leur devise qui devient problématique. Un franc suisse trop fort plombe l'économie du pays. La moitié du PIB suisse vient, en effet, de ses exportations, dont une bonne parie est réalisée dans la zone euro.
Les produits suisses trop chers
La situation est intenable pour les grandes entreprises qui exportent, car leurs produits sont devenus trop chers. Le président de l’Association Swiss Export agite le spectre de milliers d’entreprises en faillite. D’autres secteurs sont touchés comme le tourisme. Avec un cours aussi élevé, les touristes hésitent à venir en Suisse et préfèrent des pays alpins voisins, comme l’Autriche et l’Allemagne. Le directeur de Swiss Tourism en appelle au patriotisme des Suisses, les encourageant à passer leurs vacances au pays. Les grands distributeurs poussent également à consommer Suisse.
Le gouvernement helvète a donc décidé de soutenir directement l’activité. Il a annoncé, mercredi 17 août 2011, un plan d’aide de 2 milliards de francs aux secteurs touchés par la hausse du franc. Les entreprises exportatrices et celle du secteur du tourisme en seront les premières bénéficiaires. Les secteurs de l’innovation et de la recherche, les infrastructures et les consommateurs devront également bénéficier de ce plan d’aide.
Injection de liquidités
Pour affaiblir le franc, la Suisse a également joué la carte de la liquidité. Le 17 août, la Banque nationale suisse (BNS) est intervenue, pour la troisième fois en quinze jours, en injectant des liquidités dans les circuits financiers. Le niveau est ainsi passé de 30 milliards à 200 milliards de CHF.
Si la situation l’exige, la BNS pourrait mettre en place des mesures supplémentaires. La semaine dernière, son président Philipp Hilderbrand a évoqué l’hypothèse d’indexer la valeur du franc sur l’euro. Mais selon de nombreux spécialistes, choisir l’arrimage à l’euro pourrait être à terme une mesure très coûteuse. La BNS s’engagerait, en effet, à acheter en masse des euros jusqu’à ce que le cours monte au niveau de change escompté. Enfin, la Suisse pourrait instaurer une taxe sur les capitaux entrants, comme l’a fait le Brésil.