Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Pour le ministre de l’Economie, Giulio Tremonti, il n’est pas question de dévoiler toutes les conditions posées par la Banque centrale européenne, car il s‘agit d’une lettre confidentielle, qu’il a qualifiée de « secrète ». Ce à quoi le leader du parti centriste « Italie des valeurs », Antonio di Pietro, a rétorqué : « Mais de quelle confidentialité parlez-vous Monsieur le Ministre, vous n’avez quand même pas couché avec la BCE ? Nous sommes encore en droit de savoir si l’Italie est encore un pays souverain ». Même Umberto Bossi, leader de Ligue du Nord, n’a pas apprécié les annonces « trop fumeuses » de son « ami » Tremonti.
L’ambiance était donc tendue, jeudi 11 août 2011 au Parlement italien, ouvert pour permettre à différentes commissions de se remettre au travail. Et cette tension risque de s’accentuer vu les hypothèses avancées par le ministre de l’Economie pour atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2013. Le gouvernement ambitionne ainsi de ramener le déficit de « 3,8 à 3,9% cette année » à zéro en seulement deux ans, l’idée étant de faire un effort réparti « moitié moitié » sur 2012 et 2013. Initialement, le retour à l’équilibre des comtpes avait été fixé à 2014.
Plus de flexibilité dans le droit du travail
Les mesures prises vont de la réduction des salaires des fonctionnaires à celle des contrats à durée indéterminée, en passant par la privatisation des services publics locaux, la taxation des gains financiers d'un minimum de 12,5% à 20%, ou à un regroupement des fêtes religieuses autour du dimanche pour faciliter la relance de la croissance.
Il s’agit également de réformer les aides sociales et les retraites et « d’introduire davantage de flexibilité » dans un droit du travail libéralisé. Le gouvernement de Berlusconi souhaite par ailleurs lutter plus contre l'évasion fiscale et prévoit d'augmenter la taxation des gains financiers d'un minimum de 12,5% à 20% pour renflouer les caisses de l'Etat.
Les hausses d'impôt, une piste hypothétique
L’Italie, qui est la troisième économie de la zone euro, accuse une dette publique, c’est-à-dire son déficit cumulé d’année en année, de 120% de son PIB. Ses taux obligataires ont atteint la semaine dernière des records, avant que la situation s’apaise, la BCE intervenant mais conditionnant cette intervention à une cure d’austérité sévère, qui implique 20 à 30 millairds d’euros d’économie.
Giulio Tremonti s’est montré en revanche très évasif sur l‘hypothèse de la création d’un impôt de solidarité pour les revenus les plus élevés, alors que Silvio Berlusconi s’oppose à toute hausse de la pression fiscale. Le ministre a également été assez vague sur la réduction des coûts de la politique pourtant exorbitants. Et c’est ce qui fâche tout particulièrement les Italiens.