Avec notre envoyé spécial à Oslo
La capitale norvégienne n’est pas une grande métropole. Un tel nombre de manifestants était donc particulièrement impressionnant. Un rassemblement unique pas seulement par le nombre de participants mais surtout par son atmosphère. Déjà dans la rue, loin de la mairie, on se sentait porté par un véritable fleuve composé de Norvégiens et de fleurs.
En effet, chaque manifestant tenait au moins une fleur dans la main. Difficile d’imaginer l’effet que cela a donné quand, à l’ouverture du rassemblement, cent mille personnes ont tendu leurs fleurs, en silence totale, vers le ciel, comme s’ils voulaient les donner aux presque cent personnes disparues dans le carnage du vendredi dernier. Et puis, quelques discours et un petit concert de quelques chanteurs et musiciens qui tenaient à faire vibrer leurs instruments comme s’ils pleuraient.
Unité nationale
A la manifestation d’hier soir, les représentants de tous les partis politiques sont venus avec une rose rouge à la main, pour exprimer leur solidarité avec les socialistes, qui ont perdu beaucoup de leurs jeunes membres et sympathisants lors de la fusillade de l’île d’Utoya.
Bien sûr, la vie politique reprendra rapidement ses droits à l’approche des élections régionales prévues dans six semaines, mais les Norvégiens ne se rassemblent pas actuellement pour des raisons politiques. Ils veulent simplement être ensemble dans une situation où pratiquement personne n’arrive à comprendre ce qui s’est passé et surtout pourquoi.
Lundi soir, ils ont senti qu’ils n’étaient pas seuls avec leurs interrogations, et qu’ils étaient nombreux à vouloir être ensemble. Et cela leur a fait, manifestement, le plus grand bien.