Le premier plan de sauvetage de la Grèce, 110 milliards d'euros, a été adopté en 2010. Mais il se révèle insuffisant pour empêcher la faillite du pays. D'un montant identique, un deuxième plan de financement de la dette grecque va être discuté par les pays membres de la zone euro. L’accord sera difficile à trouver sur les modalités, notamment sur la participation des banques privées.
Les difficultés de la Grèce remontent à 2009, date à laquelle le nouveau gouvernement de Georges Papandréou a révélé l'ampleur de la dette et du déficit de son pays. Très vite, Athènes met en place son premier plan d'austérité sans pour autant réussir à redresser la barre. Dès lors le pays s'enfonce dans la crise, et creuse son déficit en s'endettant à des taux de plus en plus élevés. Aujourd'hui, cette dette est de 350 milliards d'euros.
Le FMI (Fonds monétaire international) et l'Union européenne ont décidé de voler au secours de la Grèce, mais c'est par le biais des banques que les liquidités lui sont apportées. Les banques prêtent aux particuliers mais également aux Etats. Elles se rémunèrent à travers leurs taux d'intérêt. Actuellement, le taux d'intérêt imposé à la Grèce est exorbitant : 15,8% sur 10 ans, à cause des incertitudes sur la capacité du pays à rembourser sa dette.
Quelles sont les banques qui détiennent de la dette grecque ?
Les banques privées détiennent une grande partie de la dette souveraine. Quand un Etat émet un emprunt, ce sont les banques qui achètent, elles ont donc une créance vis-à-vis de l’Etat. Si le pays risque de faire défaut, dans ce cas, dans leur bilan, les banques détiennent des créances qui risquent de ne pas être remboursées d’où le problème de la solvabilité bancaire.
Les banques françaises et allemandes sont les plus importants créanciers de la Grèce. D'un côté elles prennent des risques, de l'autre elles gagnent beaucoup d'argent. Pour Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil Weave, les banques jouent un double jeu. « Dans le même temps, elles détiennent la dette et elles jouent un rôle dans le déclenchement des marchés. Certaines banques détiennent des CDS (credit default swaps), ce sont des contrats de couverture pour des prêts à risque. Quand un pays va mal, le contrat de couverture qui permet de couvrir ce risque-là augmente. Ce qui produit un mouvement spéculatif sur des produit type DCS détenus par certaines banques ».
Si certains opérateurs de marché ont un intérêt à provoquer un mouvement spéculatif, les banques détentrices pourraient perdre de l'argent si la Grèce faisait défaut. Par exemple, BNP Paribas détient 5 milliards de dette souveraine sur la Grèce. Si aujourd’hui Athènes se trouvait en défaut, BNP Paribas pourrait perdre plus d'un milliard et demi d'euros. Mais pour Eric Delannoy, le risque est calculé : « Les banques savent que, finalement, dans leur bilan, la dette souveraine ne compte pas pour beaucoup, les stress tests montrent qu’elles sont très robustes ; du coup, elles continuent à alimenter des mouvements spéculatifs. Résultat, les spéculateurs y gagnent et les banques ne perdent pas encore ».
Angela Merkel veut la participation des banques privées
Ce qu’il faut éviter impérativement, c'est un défaut même partiel de la Grèce comme l'explique Pierre Flabée, analyste financier chez Kepler Equities. « Un défaut même partiel de la dette grecque interdirait à la BCE (Banque centrale européenne) d’acheter de la dette bancaire grecque et dans ce cas-là, les banques grecques, qui elles mêmes se refinancent auprès de la BCE, perdraient cet accès ; et donc tout le système bancaire grec serait en situation potentielle d’'illiquidité' ».
Pour financer ce deuxième plan de sauvetage, la chancelière allemande, Angela Merkel, veut la participation des banques privées, par exemple à travers l'instauration d'une taxe bancaire. Cette solution aurait l'avantage de ne pas faire intervenir directement les banques et donc de ne pas potentiellement créer de défaut, mais les banques y sont opposées.