Le FMI critique l’absence de solution européenne

Le FMI s’impatiente face aux tergiversations de la zone euro à accoucher d’un second plan d’aide à la Grèce. C’est ce qu’indique l’institution dans son rapport annuel sur l’économie de la zone euro. Un rapport publié 48 heures avant le sommet exceptionnel des pays membres de la zone euro, à Bruxelles, le 21 juillet 2011.

La chancelière allemande Angela Merkel n’a cessé de souffler le chaud et le froid ces derniers jours. Mardi 19 juillet 2011, elle annonçait qu’il ne fallait pas s’attendre à une issue « spectaculaire » lors du sommet de la zone euro qui a lieu jeudi à Bruxelles. Et le lendemain, ce mercredi 20 juillet, la chancelière s’est dite très confiante quant aux chances d’obtenir de bons résultats. Côté français, le nouveau ministre des Affaires européennes, Jean Léonetti, n’est pas très rassurant : selon le ministre français, « le sommet ne débouchera peut-être pas sur une solution qui règlera définitivement les dettes souveraines des pays de la zone euro ». Face à ces déclarations au compte-gouttes, le FMI (Fonds monétaire international) a tapé du poing sur la table en reprochant l’absence de « plan d’action cohérent ».

Risque de contagion

« Il serait coûteux de repousser le règlement de la crise, pas seulement pour la zone euro, a averti le FMI, mais pour l’ensemble de l’économie mondiale ». Le conseil d’administration de l’institution, basée à Washington, demande ainsi, de façon appuyée, aux chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro de se mettre d’accord, dès jeudi, sur le deuxième plan d’aide à la Grèce. Le FMI, qui participe à hauteur de 30 milliards d’euros au premier plan d’aide à la Grèce, a déjà renâclé à cofinancer la cinquième tranche d’aide. Faute de consensus européen, l’institution pourrait refuser d’être associée à la tranche suivante, qui devrait être versée le 15 septembre.

Instabilité du système bancaire

« Il faut davantage de clarté sur la participation des créanciers privés », poursuit le FMI. Les Européens sont toujours très divisés sur les modalités de participation des banques à ce plan de sauvetage. L’Allemagne en fait une condition au renflouement de la Grèce alors que la Banque centrale européenne, notamment, multiplie les mises en garde contre un engrenage qui pourrait s’avérer dangereux pour le secteur bancaire européen. Or, ce secteur « montre encore des faiblesses », souligne le FMI, et ce, malgré les tests de résistance auxquels ont été soumis les 90 établissements bancaires européens. Les économistes de l’institution se sont joints aux critiques concernant les conditions posées aux banques dans ces tests parce qu’ils partaient de l’hypothèse selon laquelle l’ensemble des pays de la zone euro allaient continuer à rembourser l’intégralité de leur dette à leurs créanciers, une hypothèse de moins en moins crédible pour la Grèce notamment.

Les principales recommandations du FMI

Pour retrouver la confiance dans le système financier, le FMI préconise un renforcement des fonds propres des banques. Les craintes persistantes à l’égard des finances publiques risquent en effet de menacer l’économie réelle. Dans son rapport, le FMI pointe la « chute libre » des prêts bancaires de la zone euro aux petites et moyennes entreprises et aux ménages. Pour parvenir à une reprise soutenue, le FMI recommande que le Fonds européen de stabilité financière qui vise à porter secours aux pays en difficulté - un fonds doté théoriquement de 440 milliards d’euros - bénéficie de moyens accrus. Il doit être autorisé à racheter des titres des dettes souveraines, et notamment les créances publiques grecques. C’est l’une des options qui sera étudiée jeudi à Bruxelles.

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