Si la Grèce, le Portugal, l'Irlande ou l'Espagne ont subi à plusieurs reprises des attaques spéculatives, c'est la première fois que l'Italie en est la cible. Le 8 juillet a en effet été un vendredi noir pour la Bourse de Milan où les valeurs bancaires ont enregistré une forte chute tandis que les taux obligataires atteignaient un record en raison principalement des craintes d’une contagion de la crise de la dette grecque.
Or, l'Italie n'est pas un petit pays, c'est la troisième économie de la zone euro. Certes, sa situation n'est pas comparable à celle de la Grèce, dont la note vient encore une fois d'être dégradée mercredi 13 juillet par l'agence Fitch qui considère désormais qu'un défaut de paiement d'Athènes est « une possibilité réelle ».
Mais l'endettement de l'Italie n'en est pas moins colossal. « Avec 1 843 milliards d’euros, soit 119% de son PIB, l’Italie est le quatrième pays le plus endetté du monde, après les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne », rappelle Fabrice Cousté, le directeur général du courtier CMC Markets.
L’Europe a les moyens de se défendre
L’attaque spéculative qui a visé la semaine dernière l’Italie signifie que le pays aura de plus en plus de mal à se financer sur les marchés. « Un recours à l’Europe risque donc de devenir indispensable », estime Fabrice Cousté. Une perspective que Rome espère repousser avec l'adoption, d'ici la fin de la semaine, d'un plan d'austérité de quelque 40 milliards d’euros.
Cet emballement des marchés, imputé aux spéculateurs par plusieurs responsables italiens et par de nombreux économistes, intervient alors que l’Europe a pourtant les moyens de se défendre. Depuis le déclenchement de la crise grecque il y a un an et demi, Bruxelles a mis en place plusieurs outils de gestion et de prévention des crises, parmi lesquels, le Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Doté d’une force de frappe de 440 milliards d’euros, il doit être remplacé, après 2013, par un fonds pérenne, le Mécanisme européen de stabilité (MES), dont les moyens seront considérablement renforcés.
Cacophonie européenne
Mais les Européens ont le plus grand mal à se mettre d’accord sur les modalités d’activation de ces fonds. La meilleure preuve est leur échec à parvenir rapidement à définir les détails d’un deuxième plan de sauvetage de la Grèce. Un bien mauvais signal envoyé aux marchés qui doutent désormais de la capacité d’Athènes à honorer ses engagements et qui parient ouvertement sur une restructuration de la dette grecque.
Cette incapacité des Européens à parler d'une seule et même voix est de plus en plus ouvertement critiquée par certains dirigeants qui estiment qu’elle est en partie responsable des attaques spéculatives continues contre la zone euro.
« Depuis un an et demi, on se contente de demi-mesures », dénonce ainsi Guy Verhofstadt, le chef de file des libéraux au Parlement européen. Selon lui, « l’Europe a été incapable de mettre en place l’union économique dont elle a pourtant grand besoin ». Il rappelle notamment qu’aujourd’hui la zone euro fonctionne avec « dix-sept stratégies économiques différentes, dix-sept gouvernements et dix-sept marchés obligataires ».
L’incapacité des Européens à présenter un front uni face à la crise s’est encore illustrée cette semaine avec les divergences entre Paris et Berlin sur la tenue, rapidement, d'un sommet extraordinaire de la zone euro sur la Grèce et les risques de contagion.