L’origine de la crise de la dette
Les prémices de la crise de la dette souveraine viennent de la Grèce. Fin 2009, à la faveur d’un changement de gouvernement, Athènes annonce que ses finances publiques sont bien plus dégradées que prévu. Les marchés financiers s’inquiètent d’une éventuelle faillite de la Grèce. Les agences de notation abaissent la note du pays et font monter les taux d’intérêt. La spéculation par le biais des instruments financiers, appelés CDS, étrangle bientôt le pays. La crainte d’un effet domino sème le doute parmi les autres pays européens en difficultés budgétaires. En mai 2010, un prêt de 110 milliards d’euros est accordé à la Grèce par la zone euro et le FMI (Fonds monétaire international).
Un premier plan de sauvetage pas suffisant
Un an après son appel à l’aide, la Grèce est loin d’être sortie d’affaire. Son déficit pour 2010 s’élève toujours à 10,5% du produit intérieur brut (PIB). Mais c’est surtout sa dette de 327 milliards d’euros qui inquiète, elle pèse plus de 150% du PIB. Résultat : de plus en plus d’experts jugent inévitable une restructuration de sa dette, sans compter que la Grèce n’est pas un cas isolé dans la zone euro. Pour éviter un défaut de paiement d’Athènes, les Européens et le FMI décident en juin 2011 de lui accorder une nouvelle aide de 110 milliards d’euros. Mais les dirigeants européens sont divisés sur les modalités de ce second plan.
Les Européens incapables de s’entendre sur un deuxième plan
Le principal point de divergences entre les Européens concerne la participation du secteur privé. Certains pays, au premier desquels l'Allemagne, veulent ainsi obliger les investisseurs privés (banques, assureurs et fonds d’investissement) détenant des obligations souveraines grecques à allonger de sept ans leur durée. Immédiatement, les investisseurs qui se croyaient à l’abri jusqu’en 2013 ont paniqué sur les marchés à l’idée d’un « rééchelonnement » de la dette. L’autre option proposée par la Banque centrale européenne est d’obliger les banques à racheter les obligations souveraines grecques qu’elles détiennent, quand elles arrivent à échéance. Reste que ce « roll-over » de la dette envisagée par la BCE est mal perçu par les agences de notation qui estiment que c’est une forme de défaut de paiement. Faute d’accord entre les Européens, c’est le sauvetage de la Grèce qui est en suspens avec pour effet une contagion à toute la zone euro.
Le risque de contagion
Après la Grèce, l’Irlande et le Portugal confrontés à des déficits budgétaires importants, ont également demandé une aide à l’Europe et au FMI. Aujourd’hui, c’est au tour de l’Espagne et de l’Italie d’être dans le collimateur des investisseurs. Si la troisième économie de la zone euro est aujourd’hui attaquée, c’est pour des raisons économiques, la dette italienne est l’une des plus élevées au monde en valeur absolue, elle atteint 120% du PIB, soit 1 800 milliards d'euros. Mais c’est aussi pour des raisons politiques. Le plan d’austérité, validé par le gouvernement, voté actuellement par le Parlement et déjà qualifié d’insuffisant par les agences de notation. Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi est en difficulté et son ministre des Finances Giulio Tremonti est affaibli par une affaire de corruption.
L’assaut des spéculateurs et des fonds d’investissement
La contagion tant redoutée est en train d’arriver et les spéculateurs tirent profit de cette situation. A l’heure actuelle, certains fonds d’investissements américains, britanniques mais aussi européens ont un intérêt financier à mettre des pays européens en faillite. Ils le font en achetant des CDS sur les dettes européennes, en vendant des titres à découvert et en alimentant les marchés de rumeurs, notamment sur les CDS dont la valorisation explose à chaque mauvaise nouvelle. La défiance sur les marchés génère des primes de risque pour les investisseurs avec pour conséquences un renchérissement du coût de la dette et une augmentation des bénéfices pour les prêteurs.