Affaire News of the World : l’audition des Murdoch en Une des médias britanniques

Humilité et fermeté, ces deux mots résument bien l'audition de Rupert Murdoch, le mardi 19 juillet 2011, devant une commission parlementaire britannique. Le magnat de la presse, australo-américain âgé de 80 ans, est venu s'expliquer sur les écoutes téléphoniques pratiquées par des salariés de son groupe News Corporation. Au total 4 000 célébrités ou anonymes auraient été victimes de ces pratiques. Une audition largement commentée par la presse britannique ce mercredi qui en retient surtout l’intervention d'un entarteur.

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Rupert et James Murdoch ainsi que leur proche, Rebekah Brooks, comparaissaient mardi devant la commission médias du Parlement britannique dans le scandale des écoutes téléphoniques au News of the World. Des auditions longues et spectaculaires troublées pour les Murdoch par un protestataire qui a voulu s'en prendre à Rupert Murdoch.

L’incident n’a duré que quelques secondes et a surtout tourné court. Mais, il a fait la Une de beaucoup de quotidiens avec une séquence photo de l’entarteur s’apprêtant à renverser son plat de mousse à raser sur Rupert Murdoch avant d’être emporté par le puissant crochet du droit de Wendy Deng, la jeune épouse du magnat australien. La presse se régale de cette fin de journée qui a tourné à la farce, mais admet que les Murdoch père et fils s’en sont bien sortis entre humilité, contrition et promesses de faire le ménage, tout en n’acceptant aucune responsabilité pour ce scandale.

News of the World n’était qu’une infime partie d’un empire qui emploie 53 000 personnes s’est défendu Rupert Murdoch avant de se dire trahi par ceux en qui il avait placé sa confiance. Et le magnat, comme il l’a écrit dans une déclaration remise au Parlement, compte bien voir son organisation se relever promptement de cette affaire.

Les difficultés de Cameron

En attendant celui qui risque d’avoir plus de mal à s’en relever, c’est David Cameron. Le Premier ministre britannique est rentré précipitamment d’un voyage en Afrique pour faire une déclaration devant la Chambre des communes. Il ne parvient pas à se dépêtrer de cette affaire et sa décision d’engager comme directeur de communication Andy Coulson, ancien rédacteur en chef du News of the World impliqué dans ce scandale, revient le hanter désormais chaque jour sous diverses formes.

Mardi, les deux hommes forts de la police, démissionnaires, Paul Stephenson et John Yates étaient à nouveau auditionnés par une commission parlementaire. Une commission qui dans son rapport final a dénoncé un « catalogue d’échecs de Scotland Yard et des tentatives délibérées de News International d'entraver les différentes investigations » dans le dossier.

Certes ont reconnu les deux hauts gradés non sans révéler que lorsqu’ils avaient voulu aborder le scandale des écoutes lors d’une réunion avec le Premier ministre en septembre dernier, son chef du personnel leur a alors demandé dans un courriel de ne pas s’entretenir de l’affaire avec David Cameron. En clair Downing Street, où œuvrait encore à l’époque Andy Coulson, ne voulait rien savoir. Une attitude étrange à laquelle David Cameron va devoir trouver une bonne explication au Parlement face à une opposition travailliste de plus en plus vindicative.

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