Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Le chef de Scotland Yard était dans une position très inconfortable depuis la remise en cause des relations trop étroites entre la police et la presse de Rupert Murdoch. Mais ce sont surtout les liens qu'il entretenait avec Neil Wallis, un ancien rédacteur en chef du tabloïd News of the World qui ont poussé le haut commissaire à démissionner.
Plusieurs médias ont ainsi révélé que ses forces de police avaient employé, un temps, l’ex-journaliste comme conseiller en communication. Le numéro un de la police a aussi passé, cette année, cinq semaines de convalescence dans un hôtel de remise en forme où Neil Wallis était consultant.
Or l’homme a été arrêté, jeudi 14 juillet, dans le cadre de l’affaire des écoutes téléphoniques. Paul Stephenson préfère donc se retirer pour que la police commence à faire le ménage dans ses rangs et soit en ordre sous l’autorité d’un nouvel homme fort à temps pour superviser les Jeux Olympiques de l’été 2012 à Londres, mais aussi pour affronter, dans les mois à venir, les développements de la nouvelle enquête ouverte sur les écoutes.
Un scandale politique ?
Au moment de partir Sir Paul Stephenson a décoché une dernière flèche au Premier ministre britannique. Le numéro un de Scotland Yard a fait un parallèle assassin entre son choix à lui de recruter Neil Wallis au sein de Scotland Yard et celui de David Cameron d’engager Andy Coulson, ex-rédacteur en chef du News of the World comme chef de la communication de Downing Street. L’allusion était implicite mais très claire : le chef de la police acceptait lui son erreur de jugement et agissait en conséquence en quittant ses fonctions, David Cameron allait-il faire de même ?
Un geste relevé par de nombreux journaux ce lundi matin qui estiment que le scandale se rapproche dangereusement du 10 Downing Street alors que le chef du gouvernement refuse obstinément d’admettre son manque de discernement et refuse aussi de prendre ses distances vis-à-vis d’Andy Coulson dont il continue à se dire l’ami. La presse s’étonne d’ailleurs que le Premier ministre ait maintenu un voyage de trois jours en Afrique et relève que son absence remarquée au moment où le scandale prend une telle ampleur, n’est pas du meilleur effet.
Des auditions attendues devant le Parlement
D'autant que tous les commentateurs mais aussi la classe politique se préparent au nouvel épisode du feuilleton mardi avec l'audition devant la Commission culture et média du Parlement de Rupert et James Murdoch et leur protégée Rebekah Brooks. Avec une interrogation depuis dimanche : est-ce que l'ex-directrice de News International sera bien là et que pourra-t-elle dire ?
Rebekah Brooks a en effet été arrêtée et questionnée pendant 12 heures dimanche par la police avant d’être libérée sous caution jusqu’au mois d’octobre. Le geste de la police a provoqué la surprise et surtout la frustration de nombre de députés qui se demandent pourquoi les enquêteurs ont justement choisi de l’arrêter deux jours avant son apparition devant la commission culture et média du Parlement ce qui pourrait affecter son témoignage et le rendre très succinct à cause des restrictions légales imposées à un suspect.
Est-ce que la police veut empêcher Rebekah Brooks de trop en dire de peur de compromettre une éventuelle action judiciaire ? Pour l’instant ce n’est pas très clair mais les allures de vaste complot que l’affaire est en train de prendre tient en tout cas en haleine beaucoup de Britanniques.