«News of the World» : l’affaire des écoutes illégales prend une tournure internationale

L’affaire des écoutes téléphoniques au Royaume-Uni, qui a pris une ampleur inattendue depuis une semaine, a désormais des répercussions aux Etats-Unis et en Australie. Le groupe News Corp fait l’objet d’une enquête de la police américaine, qui tente de déterminer si le groupe de Rupert Murdoch a pu espionner les conversations des familles des victimes du 11-Septembre. En Australie, où Murdoch possède près de 150 titres de presse, le Premier ministre Julia Gillard a soutenu l’idée d’une enquête sur les pratiques des médias.

Les messageries vocales de citoyens américains auraient-elles été piratées par des journalistes de l’empire Murdoch ? Face au doute, la police américaine a annoncé, jeudi 14 juillet, que le FBI avait ouvert une enquête préliminaire sur des écoutes illégales présumées impliquant le groupe News Corp. Depuis plusieurs jours, députés et sénateurs avaient multiplié leurs appels en faveur d’une investigation sur la question.

Les familles des victimes du 11-Septembre espionnées ?

Si les allégations s’avèrent être fondées, l’affaire pourrait aussi tourner au scandale de l’autre côté de l’Atlantique, car les conversations que News Corp aurait cherchées à intercepter portent sur un sujet hautement sensible : celui du deuil des familles des victimes du 11-Septembre. Le quotidien britannique Daily Mirror a dévoilé lundi 11 juillet que les journalistes de News of the World auraient tenté, sans succès, d’approcher un policier new-yorkais pour obtenir les coordonnées téléphoniques des familles concernées.

Au Royaume-Uni, ce sont des révélations similaires qui ont provoqué l’indignation générale et plongé Rupert Murdoch dans la tourmente. L’affaire, qui couvait depuis des années, s’est transformée en crise politique lorsque l’opinion publique britannique a découvert que News of the World n’avait pas uniquement piraté les messageries de célébrités et politiciens, mais était allé jusqu’à espionner les familles de soldats morts au combat et celle d’une jeune fille victime d’enlèvement et de meurtre.

L’hégémonie du groupe Murdoch contestée en Australie

La pression monte également en Australie, pays où Rupert Murdoch a créé son empire et où il possède près de 150 journaux, dont l’unique quotidien national The Australian. Bien que l’empire Murdoch ne soit pas soupçonné d’avoir effectué des écoutes illégales en Australie, l’affaire News of the World a engendré un débat sur l’état de la presse dans le pays.

Le chef de file du parti des Verts australiens, Bob Brown, a réclamé l’ouverture d’une enquête parlementaire sur la situation de quasi-monopole dans le domaine médiatique. Le député écologiste a également demandé l’abolition du Press Council, l’organe d’autorégulation pour la presse écrite et a proposé qu’il soit remplacé par une nouvelle instance aux pouvoirs renforcés.

Le Premier ministre Julia Gillard a soutenu ces propositions, affirmant que dans le sillage de l’affaire News of the World, le gouvernement australien envisageait de réformer le droit de la presse. « Cela me dégoûte de voir les moyens qui ont été employés pour s’immiscer dans la vie privée des gens, notamment dans des moments de douleur et d’angoisse pour les familles », a déclaré la dirigeante australienne.

Rupert Murdoch tente de calmer le jeu

En réponse aux critiques, la branche australienne de News Corp a indiqué qu’une enquête allait être lancée pour déterminer si les journalistes du groupe avaient eu des pratiques contraires à l’éthique journalistique.

Alors que le scandale des écoutes menace de prendre une tournure mondiale, le magnat australien cherche à limiter les dégâts. Après avoir fermé le journal News of the World dimanche 10 juillet, Rupert Murdoch a finalement renoncé à l’achat de la totalité des actions du bouquet satellitaire BskyB. Il a par ailleurs accepté de se soumettre, avec son fils James, à une convocation des députés de la Chambre des communes à Londres la semaine prochaine alors qu’il avait tout d’abord refusé.

Le géant des médias cherche aussi à rassurer les investisseurs alors que l’action de son groupe News Corp a terminé en net recul à la Bourse de Sydney vendredi 15 juillet. Dans une interview au Wall Street Journal, Rupert Murdoch a voulu se montrer confiant et a déclaré que son groupe gérait la crise « extrêmement bien » et n’avait commis « que quelques erreurs mineures ».

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