Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Ce pourrait être la révélation de trop dans un pays qui appelle ses soldats les « Boys » et les considèrent comme des héros. Or Glenn Mulcaire, le même détective privé qui est au cœur de toutes ces accusations, aurait écouté des conversations très personnelles dans des circonstances tragiques, toujours à la recherche de titres sensationnels.
Dès l’information publiée, la sanction a été immédiate : une première association d’anciens combattants, la Légion royale britannique s’est désolidarisée de News of the World et a mis un terme abrupt à leur campagne pour soutenir les troupes. Elle est également en train de reconsidérer son budget publicitaire avec le groupe News International qui détient l’hebdomadaire, mais aussi sa version quotidienne, The Sun ainsi que le Times.
Un coup dur pour la presse de Rupert Murdoch, traditionnellement très proche des militaires dont le sort est un de ses fonds de commerce favoris. Le groupe subit d’ailleurs un lâchage en cascade depuis mercredi : une dizaine d’annonceurs dont de grandes enseignes comme Ford, la banque Lloyds ou encore Sainsbury’s ont suspendu les campagnes publicitaires prévues dans les colonnes du tabloïd.
Pendant ce temps, le Premier ministre David Cameron a lui aussi a pris ses distances avec les responsables du groupe Murdoch dont il était pourtant jusqu’à présent très proche. Il est en consultation avec l’opposition sur l’ouverture d’une première enquête publique sur les agissements du tabloïd. Enquête qui -et cette fois c’est toute la presse qui serre les dents-, sera suivie d’un autre enquête cette fois sur les pratiques journalistiques en général.