News of the World : un tabloïd anglais dans la tourmente

Les méthodes des journalistes de la presse tabloïd au Royaume-Uni sont connues pour être particulièrement intrusives. Une suite de scandales révèle, par le biais d’écoutes téléphoniques illégales, que des journalistes de l’hebdomadaire News of the World, cherchant le scoop à tout prix, ont sans doute lourdement perturbé le travail des enquêteurs.

« Si ces allégations se révèlent fondées, c’est une chose vraiment épouvantable », a déclaré David Cameron, le Premier ministre britannique. Il a condamné le piratage présumé par NotW (News of the World), magazine du groupe de Rupert Murdoch, de la messagerie du téléphone portable d’une adolescente britannique, Milly Dowler, enlevée et assassinée en mars 2002. « Ce que j’ai lu dans les journaux est très, très choquant », a-t-il poursuivi, en demandant à la police de « mener son enquête de la manière la plus énergique possible ».

Le piratage du portable et l’effacement de plusieurs messages auraient d’ailleurs détruit des éléments utiles aux enquêteurs, alors que tous les moyens étaient mis en œuvre pour retrouver la jeune fille de 13 ans, a déclaré Mark Lewis, l’avocat de la famille de la collégienne. L’activité de la messagerie avait en outre donné de faux espoirs à la famille. « C’est le désarroi qui s’ajoute à la tragédie », a déclaré cet avocat. « Le fait qu’ils aient été prêts à agir d’une manière aussi abominable, ce qui pourrait avoir entravé l’enquête policière et donner de faux espoirs, est méprisable », a-t-il ajouté.

Le détective aurait effacé des messages, laissant ainsi croire que l’adolescente était encore en vie

Selon le quotidien The Guardian, un détective privé travaillant pour le NotW, le premier tabloïd dominical britannique qui tire à 2,8 millions d’exemplaires, aurait piraté la messagerie de Milly Dowler après sa mort. Le détective aurait, de plus, effacé des messages pour empêcher que la boîte vocale ne soit pleine, laissant ainsi croire que l’adolescente était encore en vie. Rebekah Brooks, qui était à l’époque rédactrice en chef de NotW et dirige aujourd’hui le secteur presse écrite de News Corp au Royaume-Uni, a dit tout ignorer de telles pratiques dans l’affaire Dowler et a promis de prendre des sanctions si les faits étaient avérés.

Le tabloïd britannique NotW est déjà visé par une vaste enquête, lancée en 2005. Cinq journalistes, dont trois du journal, ont déjà été arrêtés. NotW est soupçonné d’avoir mis sur écoute des membres de la famille royale, des hommes politiques, ainsi que des stars. Début juin, la police britannique a annoncé qu’elle pourrait encore élargir son enquête après des informations de presse insinuant que l’ex-Premier ministre Tony Blair et l’épouse du prince William, Catherine, pourraient figurer parmi les victimes. News of the World a fait des excuses publiques et a été condamné à verser 110 000 euros à l’actrice britannique Sienna Miller après avoir piraté son téléphone.

 

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