Avec notre envoyée spéciale à Minsk, Anastasia Becchio
Bousculades, coups de matraques, interpellations musclées et gaz lacrymogènes : les forces de l’ordre n’ont pas lésiné sur les moyens pour couper court au rassemblement. Ludmila, retraitée, regarde la scène et se sent dépitée par ce qui se déroule sous ses yeux. « C'est scandaleux ! On ne laisse pas le peuple exprimer son opinion, c'est n'importe quoi... et ça se produit en plein cœur de l'Europe », dit-elle.
A chaque interpellation, la foule silencieuse commence à taper dans les mains, ce qui provoque d’autres arrestations. Au total, plusieurs dizaines de personnes seront embarquées dans la soirée. Des hommes et des femmes de tous âges venus signifier leur ras-le-bol à l’exemple de Micha, ouvrier dans une usine automobile : « Pourquoi les gens doivent souffrir ? Je suis venu parce que je n'ai plus de quoi nourrir ma famille. Il y a trois ans, je touchais trois fois plus qu'aujourd'hui. Pourquoi je devrais rester chez moi et me taire ? »
Un peu plus tôt dans la journée, au cours de la parade militaire, l’autoritaire président biélorusse a adressé une sévère mise en garde à l’opposition. « On nous impose des scénarios sans scrupule de révolution de couleur. Nous comprenons que le but de ces attaques est de détruire le consensus social. Cela ne se produira pas », a déclaré Alexandre Loukachenko
L’opposition au régime, elle, entend maintenir la pression. Elle appelle à de nouvelles manifestations mercredi prochain.