Le Premier ministre britannique David Cameron a fait face à sa première journée de grève dans le secteur public. Près de 600 000 fonctionnaires, majoritairement des enseignants, ont répondu à l’appel lancé par les syndicats de la fonction publique. Une journée d’action qui a provoqué la fermeture de milliers d’écoles, d’universités et de fortes perturbations dans les douanes, les contrôles d’immigration, les tribunaux, les bâtiments gouvernementaux et administratifs.
La réforme des retraites est au cœur des revendications des fonctionnaires. Le texte toujours en discussion prévoit de porter l’âge de départ à 65 ans à partir de 2018 (à l’exception de la police, des pompiers et des forces armées). Il passera ensuite à 66 ans en 2020. Définitivement, le recul de l’âge de départ à la retraite ne passe pas auprès des syndicats pour qui cette réforme obligerait les fonctionnaires « à cotiser plus, travailler plus longtemps et recevoir moins une fois à la retraite ».
Alignement du public sur le privé
Mais pour le gouvernement britannique, cette réforme est « essentielle » pour remettre à l’équilibre le régime des retraites, plombé par le recrutement de 800 000 nouveaux fonctionnaires sous Tony Blair. Selon les estimations officielles, le coût des retraites représente actuellement 1,9% du Produit intérieur brut (PIB).
Au menu de cette réforme également : l’alignement du régime du secteur public sur celui du privé, dont le niveau est beaucoup plus bas. Les salariés du secteur privé britannique prennent, en effet, leur retraite plus tard et touchent des pensions moindres. Pour les syndicats, « ce nivellement par le bas est inacceptable » d’autant qu’il est conjugué à la suppression de 300 000 postes dans le secteur public et à une vaste cure d’austérité.
Un test politique pour David Cameron
Pour éliminer le déficit public, le ministre des Finances britannique George Osborne a mis en place une série de mesures, mêlant hausses d'impôts et coupes budgétaires. Côté dépenses, le budget de chaque ministère devrait baisser de 25% en moyenne sur quatre ans, hormis ceux de la santé et de l'aide au développement. L’objectif est de ramener le déficit public de 10% du PIB cette année à près d’1% en 2015.
L’austérité est le mot d’ordre de la coalition menée par les conservateurs de David Cameron avec les libéraux-démocrates. Une coalition au pouvoir constituée il y a un an et qui a dû opérer plusieurs revirements politiques. Le dernier en date est le projet de réorganisation du système de santé publique (NHS). Cette réforme qui prévoyait l’ouverture à la concurrence du service de santé public est très mal perçue dans l’opinion publique et vivement critiquée par les professionnels, les syndicats et même une partie de la coalition gouvernementale.
Cette grève contre la réforme des retraites constitue donc un test pour David Cameron mais aussi pour le monde syndical divisé sur les réformes du gouvernement. Par exemple, Unison, le plus grand syndicat de la fonction publique, n’a pas rejoint le mouvement de ce jeudi, préférant attendre la fin des négociations prévues en juillet et à l’automne prochain.