Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Jusqu’à présent Rowan Williams était resté assez discret dans le débat politique, ce qui rend cette sortie plus spectaculaire encore. Le plus haut prélat de l’Eglise anglicane n’hésite pas à écrire dans le magazine de gauche The New Statesman que le manque criant de débat à propos des coupes budgétaires dans la santé, l’éducation et les allocations universelles a provoqué anxiété et colère dans le pays.
L’archevêque de Canterbury reproche aussi au gouvernement d’engager à une allure vertigineuse des réformes radicales pour lesquelles, selon lui, personne n’a voté. Enfin, il s’en prend au concept de Big Society, la grande société, le projet phare défendu bec et ongles par le Premier ministre Cameron depuis son élection l’an dernier : pour l’archevêque ce projet, qui vise à réduire le rôle de l’Etat au profit des organisations bénévoles, est en fait considéré par beaucoup comme une façon opportuniste de masquer les réductions de dépenses publiques.
Le gouvernement, d’abord estomaqué par ces remontrances sans détour, a répondu prudemment en se contentant de défendre sa politique. Mais bien vite de nombreux députés de la coalition ont mis en cause la légitimité du prélat. Ils font ainsi remarquer qu’il est assez savoureux qu’une personnalité nommée à la tête de l’Eglise anglicane se permette de critiquer les réformes d’un gouvernement démocratiquement élu.