Le chef de l’Eglise anglicane critique le gouvernement britannique

L’archevêque de Canterbury, chef de l’Eglise anglicane vient de lancer, ce jeudi 9 juin 2011, une attaque en règle contre la politique menée par la coalition au pouvoir. Rowan Williams estime que le gouvernement de David Cameron est en train de mettre en place des réformes pour lesquelles personne n’a voté et lui reproche un manque de consultation avec l’opinion. Des critiques qui viennent de provoquer un grand débat sur l’implication de l’Eglise dans les affaires politiques du pays.

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Jusqu’à présent Rowan Williams était resté assez discret dans le débat politique, ce qui rend cette sortie plus spectaculaire encore. Le plus haut prélat de l’Eglise anglicane n’hésite pas à écrire dans le magazine de gauche The New Statesman que le manque criant de débat à propos des coupes budgétaires dans la santé, l’éducation et les allocations universelles a provoqué anxiété et colère dans le pays.

L’archevêque de Canterbury reproche aussi au gouvernement d’engager à une allure vertigineuse des réformes radicales pour lesquelles, selon lui, personne n’a voté. Enfin, il s’en prend au concept de Big Society, la grande société, le projet phare défendu bec et ongles par le Premier ministre Cameron depuis son élection l’an dernier : pour l’archevêque ce projet, qui vise à réduire le rôle de l’Etat au profit des organisations bénévoles, est en fait considéré par beaucoup comme une façon opportuniste de masquer les réductions de dépenses publiques.

Le gouvernement, d’abord estomaqué par ces remontrances sans détour, a répondu prudemment en se contentant de défendre sa politique. Mais bien vite de nombreux députés de la coalition ont mis en cause la légitimité du prélat. Ils font ainsi remarquer qu’il est assez savoureux qu’une personnalité nommée à la tête de l’Eglise anglicane se permette de critiquer les réformes d’un gouvernement démocratiquement élu.

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