La bactérie E. coli a tué à ce jour vingt-deux personnes, dont vingt-et-une en Allemagne du Nord, selon les derniers chiffres publiés ce dimanche 5 juin 2011 par le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) à Stockholm. Au total, 2 000 personnes ont été contaminées par une forme rare de l’Escherichia coli entérohémorragique (Eceh). Selon l’Organisation mondiale de la santé, qui a recensé des malades dans 12 pays, c’est la première fois qu’on est en présence de ce type de bactérie lors d’une épidémie. Et les hôpitaux allemands se reconnaissent débordés par l'afflux incessant de malades.
Ces derniers jours, les enquêteurs se sont focalisés sur un restaurant situé à Lübeck, au nord du pays, où trois groupes de touristes avaient mangé, parmi lesquels des Danois étaient ensuite tombés malades. Cependant, après moultes vérifications auprès de l’établissement et de son personnel, les autorités régionales ont déclaré que les soupçons concernant ce restaurant « n’étaient pas corroborés par les faits actuellement ».
Restaurant, soja et biogaz
Après la fausse alerte au concombre espagnol, appelé à la rescousse, le Laboratoire européen de référence pour l’E. coli, à Rome, soutient de son côté que les analyses réalisées ne permettaient pas d’accuser les légumes. Cependant, les autorités sanitaires allemandes, faute de mieux, continuent de recommander aux consommateurs d’éviter les légumes crus, quelle que soit leur origine.
Dernière piste de recherche explorée en date, des graines germées qui pourraient être à la source de l’épidémie, selon un responsable régional allemand. Révélé ce dimanche, cet élément a fait l’objet d’une enquête chez un producteur de fruits et de légumes en Basse-Saxe et les résultats sont attendus incessamment.
Une autre hypothèse de recherche a aussi été émise ce dimanche par plusieurs scientifiques. Selon eux, la bactérie pourrait venir des centres de production de biogaz, des installations en Allemagne où on recycle volontiers les déchets organiques. Lors de ces opérations, plusieurs bactéries sont produites qui n’existaient pas jusqu’à présent. En se mélangeant elles produisent des hybrides, explique le patron d’un laboratoire médical, sans que l’on ait étudié ce qui se passe vraiment. Plus de 80% de ces déchets sont ensuite utilisés comme fertilisants dans les terres agricoles.
Faute de résultat probant, l’Allemagne aurait accepté la venue d’experts scientifiques dépêchés par les services de la Santé de la Commission, du Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies (ECDC) et de l'Autorité européenne de sûreté alimentaire. Toujours au niveau européen, on parlera encore de la bactérie lundi 6 juin lors de la réunion des ministres européens de la Santé à Luxembourg avant une rencontre extraordinaire des ministres de l’Agriculture le 17 juin. Le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero devrait en profiter pour « exiger la réparation du dommage subi devant les instances compétentes en Europe, pour le dédommagement des préjudices qui ont été causés » par la mise en cause injustifiée du concombre en provenance d’Espagne.