Violente répression de la gay pride moscovite

Une fois de plus, la gay pride moscovite a tourné court ce samedi 28 mai 2011. C'était la sixième fois que la marche homosexuelle avait été interdite par les autorités de la capitale russe. Les militants de la cause gay avaient décidé de braver l'interdit et de manifester à deux pas du Kremlin. Mais la police, déployée en masse, a violemment dispersé toute tentative de rassemblement.

Les militants gays, venus seuls ou en petits groupes à l’entrée de la place rouge, n’avaient pas le temps de déployer leur drapeau arc-en-ciel et de crier « la Russie sans homophobie » qu’ils étaient violemment empoignés par les forces de l’ordre ou par de jeunes miliciens. Ils étaient plaqués à terre, puis traînés dans des fourgons de police garés à quelques mètres de là.

De telles scènes de violences se sont répétées des dizaines de fois. Elles se sont déroulées sous les yeux de nombreux touristes et d’une poignée de religieux ultra-orthodoxes, qui portaient des icônes et de grandes croix. Vêtu de noir, portant une croix en bois, Leonid Simonovitch-Nikchich est venu pour empêcher toute manifestation homosexuelle.

« Que l’Europe ait les lois qu’elle veut, ici on est en Russie, un pays russe-orthodoxe depuis au moins 1 000 ans. Nous avons besoin d'un meilleur taux de natalité et pour ça, il faut une vraie famille forte. Et eux, ils détruisent la famille et ils veulent corrompre nos enfants, mais nous ne les laisserons pas faire ».

Les manifestants avaient l'intention de déposer une gerbe à la tombe du soldat inconnu, sous les murs du Kremlin, pour rendre hommage aux militaires qui ont combattu le nazisme, dont les homosexuels furent aussi les victimes. Mais l'entrée du jardin qui abrite cette tombe avait été bouclée.

Plusieurs personnes interpellées

Cela fait cinq ans que les homosexuels moscovites tentent d'organiser une manifestation. Mais, toutes leurs tentatives ont, à chaque fois, été dispersées par la police. Cette fois, plus de trente militants gays ont été arrêtés, parmi lesquels plusieurs étrangers.

Dans la confusion, le militant français Louis-George Tin, fondateur de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie a le temps de confier quelques mots aux journalistes : « Je sens comme un devoir d’être auprès des gens qui se battent parce que sinon leur combat va rester dans les oubliettes de l’histoire. Le droit de manifester doit être garantie pour tous et pour toutes. Je crois qu’il faut absolument se battre. J’étais en Ouganda il n’y a pas si longtemps que ça. J’étais encore dans d’autres …». Il n’a pas le temps de finir sa phrase qu’il est attaqué par de jeunes skinheads et embarqué sans ménagement dans un fourgon de police vers une destination inconnue. Il a été libéré quelques heures plus tard.

L’intervention musclée de la police intervient alors que la Cour européenne des droits de l’homme a confirmé sa décision du mois d’octobre. Cette dernière stipule que l’interdiction des manifestations gays constituait une discrimination et une atteinte au droit de réunion. L’appel de la Russie du mois dernier a donc été rejeté.

Partager :