Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Au tribunal de Moscou, Mikhail Khodorkovski s’est directement adressé au pouvoir , mardi 24 mai 2011. Très en verve, il s’est exprimé pendant une vingtaine de minutes. Il s’en est pris « à l’arbitraire, aux mensonges et aux voyous au pouvoir. »
Se tenant debout dans le box des accusés, derrière de grandes vitres blindées, l’ancien patron du groupe pétrolier Ioukos a lu le texte qu’il avait écrit sur une dizaine de pages : « Je n’ai pas besoin de votre pitié. Je ne vous demande pas d’alléger ma peine, a-t-il lancé aux trois juges. On ne peut pas corriger ce jugement, annulez-le ou vous rejoindrez les rangs des criminels en robe de magistrat. »
Khodorkovski a aussi évoqué un thème qui est cher au président Medvedev. « Aucune modernisation ne sera possible », dit-il, si l’on ne fait pas le ménage dans le système judiciaire. Ce discours a été suivi attentivement dans la salle d’audience, notamment par les parents de Mikhail Khodorkovski, et à l’extérieur de la salle où le public qui n’a pas pu rentrer, suit le procès sur trois écrans de télévision.
Un peu plus tard, c’est Platon Lebedev qui s’est exprimé. Un discours de près d’une heure cette fois où l’ancien associé de Khodorkovski s’est appliqué à démontrer l’absurdité des faits qui leur sont reprochés.
De son côté, le procureur Valéri Lakhtine a déclaré que le détournement de pétrole incriminé à Mikhail Khodorkovski et à Platon Lebedev devait être réduit de 347 millions de tonnes à 118 millions de tonnes. Mais pour autant, « l'accusation ne voit pas de raisons pour réduire la peine [fixée à 14 ans de prison] », a-t-il déclaré.
Quand la Cour s'est retirée, Mikhail Khodorkovski et Platon Lebedev ont été emmenés hors de la salle d’audience sous les applaudissements de leurs proches qui ont scandé « liberté, liberté ».