Jean Paul II béatifié …et super star du monde des gadgets

Dans l’attente de la cérémonie de béatification de Jean Paul II qui sera présidée ce dimanche 1er mai 2011 place Saint-Pierre par son successeur Benoit XVI, touristes et pèlerins s’arrachent, aux abords de la Cité du Vatican, les souvenirs et gadgets à l’effigie du futur bienheureux qui fut l’évêque de Rome durant 27 ans.

Avec notre correspondante à Rome,

La Ville Eternelle est prise d’une frénésie qui dépasse nettement celle qui a gagné Londres, à l’occasion du mariage du prince William. Il faut remonter aux derniers instants de vie et au décès de Jean Paul II, le 2 avril 2005, pour retrouver un tel climat dans la capitale italienne, où des milliers de touristes se mélangent aux pèlerins venus de toute la planète. En attendant que Karol Wojtyla soit proclamé bienheureux – en présence d’un million de personnes selon les estimations de la préfecture de Rome – on s’arrache les souvenirs et gadgets à son effigie. Un record d’imagination, et de mauvais goût, a été battu par les Italiens et les Chinois qui ont transformé cet événement mondial en une opportunité de business, sans précédent dans l’histoire de l’Eglise.

Le culte du commerce

La presse italienne n’hésite d’ailleurs pas à parler du « Souk de Saint-Pierre » car à coté des traditionnelles boutiques de souvenirs ou magasins d’articles religieux et librairies spécialisées, proches du Vatican, on trouve, depuis ces derniers jours, plus de 300 kiosques de marchands ambulants illégaux. Ils font concurrence aux commerçants, au nez et à la barbe d’une ordonnance de la mairie de Rome qui interdit « entre le 22 avril et le 2 mai » toute forme de commerce itinérant non autorisé aux alentours de la basilique Saint-Pierre. De fait, la police ferme un œil et les autorités du Vatican font semblant de ne rien voir. Dans les rues, on voit donc toutes sortes de babioles à l’effigie de Jean Paul II : écharpes, casquettes, sacs, dés à coudre, statuettes, photos, cendriers, chapelets… vendus à bas prix.

Mais pour vraiment découvrir l’incroyable monde de la « Jean Paul II mania », il faut d’abord s’arrêter devant les kiosques à journaux du centre de Rome. Tous débordent de revues, d’albums photos-souvenir, de DVD et de cartes postales. Même l’organe de presse du Saint-Siège, l’Osservatore Romano, se vend avec un petit livre souvenir du Pape tant aimé. Parmi les suppléments édités à l’occasion de cet évènement historique, on note aussi la parution d’ouvrages très critiques, dont un numéro spécial de la revue de politologie Micromega intitulé « Le grand obscurantiste ».

Mais ce qui marquera le plus les mémoires collectives ce sont ces centaines d’objets et gadgets en vente dans les boutiques. Mariette, venue de l’Ile de la Réunion, a dépensé 150 euros, entre l’achat de photos (10 euros pièce) de petite médailles (19 centimes) de chapelets (5 euros) et de boites à pilules (4 euros) qu’elle distribuera à son retour aux membres de sa famille. Radieuse, elle explique que son île « est un tout petit pays mais avec beaucoup de chrétiens ! ».

Pour tous les goûts, à tous les prix

Hélène et Pierre, eux, viennent du sud de la France. Ils sont accompagnés par des amis romains et transforment leur tour dans les boutiques proches du Vatican en parties de fous rires. « Ce commerce n’a rien à voir avec la religion ! » s’exclame Hélène, nous avons vu une statue du Saint Père grandeur nature à plus de 1 000 euros, du vin de messe à 12 euros la bouteille, un cake au chocolat « gâteau du pape » à 15 euros ; un gros réveil rond avec les bras de Jean Paul II qui font office d’aiguilles, à 25 euros. Et Pierre de renchérir : « il ne manque plus que la pizza Jean Paul II ! Que dirait-il s’il se voyait comme ça en vitrine ? Certains commerçants ont même osé placer des revues avec sa photo en couverture au-dessus de short reproduisant la tenue d’Adam. C’est pas très catholique ! ».

Dans l’immense caverne d’Ali Baba qu’est la boutique Soprani, la moins chère des magasins de souvenirs, les clients, dont de nombreuses religieuses, s’arrachent médailles, aimants et stylos. Mais le must que l’on puisse trouver via della Conciliazione, c’est le rosaire électronique vendu une cinquantaine d’euros. Cet appareil « portable, léger, résistant aux chocs », qui a la forme d’une souris d’ordinateur, donne la possibilité d’écouter les prières quotidiennes de tout catholique pratiquant, dont un Notre Père récité par Jean Paul II. Il fait d’ailleurs l’objet d’une campagne de publicité surprenante sur une chaine de télévision privée. C’est la technologie moderne au service des mystères du Saint Rosaire !

Grace à lui, « les femmes au foyer ne se sentiront plus seules ». « Les parents qui ont des difficultés de communication avec leurs enfants les résoudront en récitant ensemble une des prières ». Les insomniaques « retrouveront leur sommeil »… Une version avec écouteurs est destiné aux conducteurs « qui récupèreront toutes leurs capacités de concentration » ou « à celles et ceux qui souhaitent prier dans le bus ou le métro ». Une version spéciale existe même pour les pilotes d’avion. Comment ne pas être bien heureux ?

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